Résumé de la 5e partie n Les parents des fillettes n'ayant pas trouvé de bœuf pour former l'attelage avec celui qu'ils possèdent, le chat pensa au cerf auquel il demanda de faire la paire pour le labour... Je sais courir, trotter et aller au pas. Malgré mes jambes grêles, je suis fort. Je peux porter de lourds fardeaux. Je peux tirer une voiture, seul ou attelé en compagnie. Si vous êtes pressés d'aller quelque part, vous sautez sur mon dos et je vous conduis plus vite que ne saurait faire un cheval. — Tout cela n'est pas mal, convinrent les parents. Mais quelles sont tes prétentions ? — Le logement, la nourriture et, bien entendu, le repos du dimanche. Les parents levèrent les bras au ciel. Ils ne voulaient pas entendre parler de cette journée de repos. — C'est à prendre ou à laisser, dit le cerf. Notez que je suis très sobre et que ma nourriture ne vous coûtera pas cher. Ces dernières paroles décidèrent les parents et il fut convenu qu'on le prenait à l'essai pour un mois. Cependant, Delphine et Marinette sortaient de la maison et feignaient l'étonnement à la vue de leur ami. — Nous avons trouvé un compagnon pour le bœuf, dirent les parents. Tâchez d'être convenables avec lui. — Vous avez là deux petites filles qui sont bien jolies, dit le cerf. Je suis sûr que je m'entendrai avec elles. Sans perdre de temps, les parents, qui projetaient d'aller à la charrue, firent sortir le bœuf de l'écurie. En apercevant le cerf dont la ramure avait de quoi le surprendre, il se mit à rire, d'abord discrètement, puis à pleine gorge et, tant il riait, lui fallut s'asseoir par terre. C'était un bœuf d'humeur joyeuse. — Ah ! qu'il est drôle avec son petit arbre sur la tête ! Non, laissez-moi rire ! Et ces pattes et cette queue de rien du tout ! Non, laissez-moi rire tout mon soûl. — Allons, en voilà assez, firent les parents. Lève-toi. Il est temps de penser au travail. Le bœuf se leva, mais quand il sut qu'on devait l'atteler avec le cerf, il se mit à rire de plus belle. Il s'en excusa auprès de son nouveau compagnon. — Vous devez me trouver bien stupide, mais vraiment, vos cornes sont si amusantes que j'aurai de la peine à m'y habituer. En tout cas, je vous trouve l'air gentil. — Riez votre content, je ne m'en fâche pas. Si je vous disais que vos cornes m'amusent aussi ? Mais je compte y être habitué bientôt. En effet, après qu'ils eurent labouré ensemble une demi-journée, ils ne pensaient plus à s'étonner de la forme de leurs cornes. Les premières heures de travail furent assez pénibles pour le cerf, bien que le bœuf lui économisât autant qu'il pouvait l'effort de tirer. Le plus difficile était pour lui de régler son allure à celle de son compagnon. Il se pressait trop, donnait l'effort par à-coups et, l'instant d'après, essoufflé, trébuchant sur les mottes de terre, ralentissait le train de l'attelage. Aussi la charrue allait-elle assez souvent de travers. Le premier sillon était si tortueux que les parents faillirent renoncer à poursuivre la tâche. Par la suite, grâce aux bons avis et à la complaisance du bœuf, tout alla bien mieux et le cerf ne tarda pas à devenir une excellente bête de labour. Néanmoins, il ne devait jamais s'intéresser à son travail au point d'y prendre plaisir. N'eût été la compagnie du bœuf pour lequel il avait une vive amitié, il n'aurait probablement pas pu s'y résigner. Il avait hâte de voir arriver la fin de la journée, qui le délivrait de la discipline des parents. En rentrant à la ferme, il se délassait en galopant dans la cour et dans les prés. Il jouait volontiers avec les petites et, lorsqu'elles couraient après lui, il faisait exprès de se laisser attraper. Les parents regardaient leurs ébats sans bienveillance. (à suivre...)