Résumé de la 63e partie n Myles se sent soulagé après la mort de Nicky. Neeve n'a plus besoin d'un ange gardien. Elle doit mener sa vie… Il traversa Lexington Avenue et passa devant le restaurant Bella Vita. De délicieux effluves de cuisine italienne firent frémir ses narines, et il savoura à l'avance le dîner que Neeve avait préparé pour le soir. Ce serait bon de se retrouver avec Dev et Sal. Dieu, il semblait si loin le temps où ils étaient gosses Tenbroeck Avenue ! On racontait des horreurs sur le Bronx aujourd'hui ! Mais c'était formidable d'y habiter en ce temps-là. Il y avait seulement sept immeubles dans le pâté de maisons, des bois touffus de chênes et de bouleaux. Ils faisaient des cabanes dans les arbres. Le jardin potager des parents de Sal, où se dressait maintenant la zone industrielle de Williamsbridge. Les champs où ils faisaient de la luge, Sal, Dev et lui - c'était le Centre médical Einstein qui les recouvrait désormais... Mais il restait encore des zones résidentielles agréables. Park Avenue, Myles fit le tour d'un petit monticule de neige fondue. Il se rappela l'époque où Sal avait perdu le contrôle de sa luge et lui était passé sur le bras, le cassant en trois endroits. Sal s'était mis à pleurer : «Mon père va me tuer.» Dev s'était, sans hésiter, accusé à sa place. Le père de Dev était venu présenter des excuses. «Il ne voulait pas lui faire mal, mais c'est un vrai balourd.» Devin Stanton. Monseigneur l'Evêque. Le bruit courait que le Vatican songeait à lui pour le prochain archidiocèse, et que ça signifiait peut-être le chapeau rouge. Lorsqu'il atteignit la Cinquième Avenue, Myles jeta un coup d'œil sur sa droite. Son regard s'arrêta sur le toit de l'imposant édifice blanc du Metropolitan Museum of Art. Il avait toujours eu envie de visiter plus à fond le Temple de Dendur. Cédant à son impulsion, il parcourut les six blocs et passa l'heure suivante absorbé dans les vestiges raffinés d'une civilisation perdue. Ce fut seulement lorsqu'il regarda sa montre et décida qu'il était grand temps de rentrer chez lui et de préparer le plateau pour l'apéritif qu'il s'avoua que sa véritable intention en venant au musée était de se rendre sur les lieux où Renata était morte. Laisse tomber, se dit-il farouchement. Mais une fois dehors, ses pas le conduisirent malgré lui à l'arrière du musée, vers l'endroit où l'on avait retrouvé son corps. C'était un pèlerinage qu'il faisait tous les quatre ou cinq mois. Une vapeur rousse flottait autour des arbres de Central Park, signe avant-coureur de l'apparition des premiers bourgeons. Le parc grouillait de monde. Des amateurs de jogging. Des nurses poussant des landaus. Des jeunes mères avec de turbulents bambins. Des sans-abri, hommes et femmes pathétiques tassés sur des bancs. Un flot régulier de voitures. Des fiacres. Myles s'arrêta devant la clairière où ils avaient trouvé Renata. C'est curieux, songea-t-il, elle repose au cimetière de Gate of Heaven, mais j'ai l'impression que son corps est toujours ici. Il resta immobile, la tête courbée, les mains dans les poches de sa veste de daim. Si c'était arrivé un jour comme aujourd'hui, il y aurait eu du monde dans le parc. Quelqu'un aurait pu voir ce qui s'était passé. Un vers d'un poème de Tennyson lui traversa l'esprit : «Précieux comme le souvenir des baisers après la mort... Profond comme le premier amour, et chargé de regrets ; ô Mort dans la Vie, les jours qui ne sont plus.» (à suivre...)