Résumé de la 56e partie n Neeve se remet en cause. Elle pense que Nicky Sepetti est le souffre-douleur de sa famille. Des photos de Renata étaient accrochées entre les appliques. La première prise par son propre père, alors qu'elle avait dix ans et venait de sauver Myles ; elle le regardait avec adoration tandis qu'il reposait, la tête bandée, appuyé sur les oreillers ; Renata avec Neeve bébé, avec Neeve faisant ses premiers pas. Renata Neeve et Myles s'initiant à la plongée sous-marine à Maui. Un an avant la mort de Renata. Myles lui demanda le menu qu'elle avait prévu pour le dîner du lendemain. «J'ignorais ce que tu désirais, alors j'ai acheté de tout, dit-il. — Sal m'a dit qu'il refusait de suivre ton régime. L'Evêque veut des pâtes au basilic.» Myles grommela : «Je me souviens du temps où Sal considérait un sandwich jambon-crudités comme un festin et quand la mère de Devin l'envoyait à l'épicerie avec un nickel pour acheter des beignets de poisson et un paquet de spaghettis Heinz.» Neeve prit son café dans la cuisine tout en commençant à organiser le dîner. Les livres de cuisine de Renata étaient rangés sur l'étagère au-dessus de l'évier. Elle prit son préféré, une vieille relique familiale pleine de recettes du nord de l'Italie. Après la mort de Renata, Myles avait tenu à ce que Neeve prit des leçons particulières pour continuer à parler italien Chaque été, elle allait passer un mois à Venise chez ses grands-parents, et elle avait passé sa première année d'université à Pérouse. Pendant des années, elle n'avait pas voulu regarder les livres de cuisine, refusant de voir les annotations dans la marge de l'écriture hardie et fleurie de Renata. «Ajouter du poivre. Cuire seulement vingt minutes. Réserver l'huile.» Elle revoyait Renata chantonnant pendant qu'elle faisait la cuisine permettant à Neeve de remuer, mélanger ou mesurer, s'écriant. «Cara, c'est une erreur d'impression ou le chef était ivre. Qui peut mettre autant d'huile dans cette vinaigrette ? Autant boire la mer Morte.» A certaines pages, Renata avait esquissé des croquis de Neeve dans la marge, des portraits en miniature exquis, remarquablement dessinés : Neeve habillée en princesse assise à table Neeve penchée au-dessus d'une grande jatte, Neeve dans une robe de Gibson en train de goûter une part de gâteau. Des douzaines de dessins, chacun éveillant le sentiment de perte immense. Encore aujourd'hui, Neeve arrivait à peine à les effleurer du regard. Les souvenirs qu'ils évoquaient étaient trop douloureux. Elle sentit soudain ses yeux s'humecter. «Je lui disais souvent qu'elle aurait dû suivre des cours d'art», dit Myles. Elle ne s'était pas rendu compte qu'il regardait par-dessus son épaule. «Maman aimait ce qu'elle faisait. — Vendre des vêtements à des femmes désœuvrées ?» Neeve se mordit la langue. «C'est ce que tu dis de moi, je suppose.» Myles prit l'air penaud. «Oh, Neeve, je suis désolé. Je suis à cran, je l'avoue. — Tu es à cran, mais c'est aussi ce que tu penses. Maintenant, sors de ma cuisine.» (à suivre...)