Vision n Le parti a décidé, lors de son IIIe Congrès ordinaire, de faire une «mue organique» tout en gardant le cap sur ses idées existentielles. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a choisi de tenir son troisième congrès ordinaire le jour de son 18e anniversaire, sous le slogan «Ensemble pour l'Algérie de demain». Le slogan a été emprunté, certes, à Mohamed Boudiaf, et dans la coupole qui porte son nom (toute une symbolique !), l'autre source d'inspiration du parti fut Abane Ramdane et la plateforme de la Soummam. «Nous ne pouvons laisser le pays s'abîmer davantage. Nous ne devons pas rester spectateurs d'un tel gâchis», a martelé Saïd Sadi dans son discours qui donnait le «la», jeudi matin, à deux jours d'intenses travaux. Sa liste du gâchis est longue : «Confiscation de l'Histoire, autoritarisme, prédation, frustration sociale, éducation au rabais, terrorisme…», énumère le chef de file du RCD, réélu dans ses fonctions par quelque 2 500 congressistes venus des 48 wilayas. Dans une salle où se trouvaient, côte à côte, à la première rangée, Belkhadem, Benbitour, Sifi, Mme veuve Abane, Réda Malek, la fille de Krim Belkacem, Youcef Khatib, Boudjemaâ El-Ankis… l'orateur s'est dit aussi préoccupé par une grande question : «Comment trouver en soi les ressources qui permettent de sortir d'un vécu de violence pour s'inscrire dans une perspective de construction dans la sérénité ?» Plus loin dans son discours, il propose une réponse : le mot «consensus» synonyme de pluralité qui a la vocation d'explorer au mieux «les possibilités des solutions qui s'offrent à un pays (…) et non à mener au déchirement ou à l'exclusion.» Autrement dit «une issue consensuelle à une histoire tourmentée». Et pour pallier la «lourdeur de son architecture organique», le parti a décidé finalement de faire sa mue : dans les nouveaux statuts amendés, les postes de vice-présidents jugés «inopérants» ont été supprimés. Le RCD new-look verra, en outre, le passage du comité exécutif en Secrétariat national et la commission de discipline en commission de gestion des conflits. Autant de remodelages qui permettront au parti, qui, selon son président, ne vit que par le sacrifice de ses cadres qui versent 10% de leur mensualité, de bien se repositionner dans l'échiquier politique. Faisant la dissection du «politique», le leader du RCD, qui prône toujours le principe de laïcité qui permettra «d'affranchir la religion de l'Etat pour la restituer au champ de la foi» dira que «le peuple algérien ne peut accepter d'être exclu de la décision et d'être accablé de tout», ou alors qu'«on ne peut pas revendiquer, en 2007, le pouvoir absolu et refuser d'assumer la moindre responsabilité du bilan de sa propre gestion». Selon lui, l'Algérie de demain «ne peut s'accommoder, plus longtemps, d'un Parlement relevant plus d'une confrérie que d'une institution républicaine incarnant la volonté populaire», au moment où «l'Algérie a de l'argent, beaucoup d'argent, mais pas de projet» et au moment aussi où «la gabegie du groupe Khalifa (…) sévissait à ciel ouvert pendant des années». Dans son virulent réquisitoire, Saïd Sadi s'offusque de voir, par exemple, des étudiants vivre à huit dans une chambre universitaire alors qu'il croyait avoir connu le pire. «J'avais plus d'espace dans mon cachot du pénitencier de Lambèse», a-t-il ironisé.