Vision n L'idéal aurait été de prévoir «des échangeurs, une généralisation des feux tricolores et des giratoires à l'entrée des agglomérations, connus pour leur effet de brise vitesse». Les ouvrages réalisés jusqu'à présent pour améliorer la circulation tels que les trémies ou les ponts ne constituent qu'une alternative conjoncturelle, selon M. Lazouni. L'Algérie a, dit-il, «besoin d'un plan de circulation basé sur des données précises s'étalant sur plus de 20 ans». Pour lui, il serait impossible de rompre avec les embouteillages sans un plan de circulation global et unifié, en prenant en considération toutes les données futures, ainsi qu'une étroite coordination entre les différents services concernés. Pour appuyer ses dires, il avance l'exemple de certaines communes qui «s'engagent dans des modifications du plan de circulation sans aucune concertation avec les communes limitrophes ce qui change complètement l'objectif de l'ouvrage». A titre illustratif, «la commune de Ben Aknoun avait, à un certain temps, établi un plan de circulation qui devait, logiquement, réduire les embouteillages dont souffre cette circonscription. Le bureau d'études saisi a, cependant, volontairement omis la jonction qui existe entre Ben Aknoun et la commune d'El-Biar qui a été, sérieusement, touchée par ce nouveau plan. Mais, pour le bureau d'études il ne s'agit pas d'une négligence, mais d'un travail fait en fonction de la somme qui lui a été allouée». Face à cette confusion et ce dysfonctionnement qui continuent à caractériser nos administrations, notre interlocuteur s'interroge sur l'efficacité d'un plan de circulation qui ne prendrait pas en compte l'interdépendance des 57 communes de la capitale. M. Lazouni reconnaît, toutefois, que «globalement les ouvrages réalisés un peu partout à Alger ont eu un effet positif sur la circulation». Mais, l'idéal, pour lui, aurait été «des échangeurs, une généralisation des feux tricolores et des giratoires à l'entrée des agglomérations, connus pour leur effet de brise vitesse». De toute évidence, «sans une politique nationale sur la circulation et la prise de conscience des automobilistes qui, jusque-là, n'ont fait preuve que de manque de discipline et d'égoïsme, on ne peut pas s'en sortir», insiste-il. Après plus de 40 ans d'expérience, Lazouni sort avec une conclusion certes déplorable, mais justifiée : «Les Algériens conduisent comme ils se conduisent ! » (*) Ex-commissaire de la circulation routière et consultant auprès de l'Enrs.