Divergence n Le gouvernement veut une stratégie industrielle alors que les patrons veulent d'abord des clarifications sur la politique industrielle à mener. Ayant constaté que la privatisation n'a pas suffi, à elle seule, à relancer l'économie, le gouvernement se fixe comme priorité le secteur industriel. Pour le développement de celui-ci, une nouvelle stratégie industrielle s'impose. Celle-ci, plus que jamais d'actualité, concerne le développement du secteur avec l'accès à de nouvelles filières industrielles telles que la mécanique, l'électronique, les matériaux de construction et les secteurs dérivés de l'énergie et des hydrocarbures. Bien entendu, ce ne sont pas les seuls créneaux que le gouvernement entend développer, il s'agit de voir aussi les autres filières plus rentables qui commencent déjà à rapporter des dividendes. Sur le plan de la conception, la nouvelle stratégie industrielle s'appuie sur la redynamisation des infrastructures liées aux projets économiques, l'utilisation de l'argent dormant dans les banques pour relancer les nouvelles filières, l'appui de la mise à niveau et de l'accompagnement des entreprises, une politique de soutien à la production nationale à travers notamment la disponibilité du foncier industriel, l'aide à travers la réduction fiscale ainsi que le partenariat privé-public comme voie pour le développement des futurs pôles industriels. Tous ces aspects généralistes ne sont pas nouveaux, mais le fait que le gouvernement a consacré, à plusieurs reprises, des conseils pour en discuter est une manière de rattraper le retard de l'industrie algérienne et particulièrement certaines branches tels le textile et le cuir et la mécanique qui ont failli disparaître, mais dont la menace de dissolution plane encore. Cela dit, le gouvernement, par la voie du ministre de la Participation, n'a pas encore expliqué les détails de cette stratégie. Pis encore, aucun document officiel n'a été adressé aux acteurs concernés dont le syndicat et le patronat. Ces derniers ont réagi unanimement face à ce qu'ils qualifient de «mépris et de pensée unique». Le patronat privé n'a pas été tendre avec le représentant du gouvernement qu'il accuse de faire du «deux poids deux mesures». La réaction du patronat a débordé du cadre de la stratégie industrielle pour dénoncer «le penchant envers les entreprises étrangères au détriment des entreprises nationales» qui peinent dans les déboires et les crises successives. Ce qui a, surtout, mis en ébullition les associations patronales, c'est le fait «qu'elles n'ont pas été consultées sur le dossier». C'est une brèche ouverte pour une polémique qui va enfler entre les hommes d'affaires, l'Ugta et le gouvernement. Chacun plaide pour son point de vue en attendant que cette fameuse stratégie industrielle soit bien clarifiée à l'opinion publique.