Connaître et vivre sa ville est une initiative du Collège national des experts architectes qui nous invite à découvrir et à mieux connaître la constitution et l'évolution de notre ville du point de vue architectural et urbanistique. Cette opération entamée, hier, lundi, sous le haut patronage du ministre délégué à la Ville, M. Boukerzaza, porte une dimension éducative dont l'objectif principal est d'inciter les habitants à s'approprier pleinement leur ville. Mais aussi, faciliter les échanges entre ceux qui font et ceux qui vivent la ville. Cette action a fait appel à l'ensemble des savoir-faire qui sont intervenus sur l'image et la forme de certains quartiers d'Alger d'où la visite guidée, animée par des experts en architecture et dont a bénéficié un public composé d'étudiants, de journalistes et de professionnels du domaine. Le Bastion 23 a été le point de départ. Il s'agit du plus important monument que compte la ville d'Alger. Construit en 1576, ce complexe avait pour mission de repousser le danger permanent venant de la mer et est devenu progressivement le prolongement naturel de La Casbah vers la Méditerranée.Au préalable, les invités à cette campagne de sensibilisation ont eu droit à un aperçu historique sur la capitale à commencer par la période phénicienne en passant par les Romains et l'époque ottomane pour arriver à 1830, année de la colonisation française. Cette dernière, explique Hamid Boudoud, président du Collège national des experts architectes, a introduit d'énormes transformations sur la ville afin de lui donner un cachet architectural occidental. A noter que le Bastion 23 est le seul vestige de l'extension de La Casbah vers la mer épargné par ces destructions et transformations. Notre visite se poursuit tout le long du littoral où le constat «Alger tourne le dos à la Méditerranée» fait par les urbanistes, semble avoir eu un écho favorable auprès des autorités. Pour preuve, plusieurs parcours urbains longeant le littoral ont été créés ces dernières années, dans le cadre du Grand Alger urbain. Ces espaces, jusqu'à un passé récent, étaient délaissés et en nette dégradation. La visite se poursuit d'une place à l'autre pour arriver au quartier d'El-Kettar dans la cité dite Cité Pouillon, construite en 1955, et qui figure parmi les premiers logements sociaux destinés aux indigènes.Devant cette construction typique de style espagnol, les experts n'ont pas pu s'empêcher d'exprimer leur émerveillement qui n'a malheureusement pas tardé à s'effacer face aux transformations qui lui ont été imposées par les résidents en fonction des besoins de chacun d'eux. A ce propos, notre guide a tenu à faire remarquer que ce phénomène, dont est victime la majorité des vieilles bâtisses, témoigne «du présent déséquilibre qui touche toutes nos villes d'où l'urgence de la sensibilisation des citoyens à avoir une culture architecturale et urbanistique de la ville» et déterminer, en outre, son usage et son appropriation car, «elle n'est, en fin de compte, qu'un théâtre, dont les acteurs sont les usagers».