Mutation n Avec l'évacuation de l'ensemble de ses habitations et de ses commerces, la rue des fusillés connaîtra, bientôt, une transformation radicale avec l'achèvement des travaux du métro. Plus de trente familles ont été relogées, hier matin, dans de nouveaux logements dans la région de Mohamadia à Alger. L'opération s'inscrivant dans le cadre de l'expropriation de logement pour cause d'utilité publique, a ciblé plusieurs immeubles vétustes, pour la plupart, dans la rue des fusillés. Ces anciennes bâtisses, datant de la période coloniale érigées sur le tracé du passage du métro d'Alger et éventuellement du tramway, entravaient le bon déroulement des travaux de ces deux projets. Ces familles, qui ont bénéficié de logements de type «F4» implantés dans le nouveau quartier des Bananiers, ont, dans leur grande majorité, exprimé leur joie de voir leur rêve aboutir après des années d'attente et de multiples dossiers déposés dans les différentes directions de distribution de logements sociaux. Les listes des bénéficiaires ont été confectionnées sur la base d'un recensement effectué l'année dernière par les services de la wilaya d'Alger. Les autorités locales ont mobilisé tous les moyens humains et matériels pour réussir cette opération qui touchera, également, les locaux commerciaux situés en dessous de ces immeubles. Les commerçants rencontrés sur place ont, eux aussi, affiché leur satisfaction quant au déroulement de cette opération et, notamment, l'indemnisation approuvée par l'entreprise du Métro d'Alger chargée du projet du tramway également. Toutefois, il est à signaler que cette expropriation a provoqué une protestation vigoureuse dans certains immeubles. Des locataires affirment être dans leur droit d'être relogés dans des appartements ayant la même superficie que celle qu'ils viennent de quitter. Ils sont environ 11 familles à s'opposer à ce relogement. La plupart sont des locataires de l'Office de promotion et de gestion immobilière (Opgi), depuis l'indépendance. Certains y habitaient même bien avant. «C'est la wilaya d'Alger qui a pris en charge le relogement des occupants de ces immeubles, alors que les commerçants seront indemnisés par l'entreprise du Métro d'Alger», a tenté de justifier, sans aucune autre précision, le représentant de la wilaya rencontré sur les lieux. Ces déclarations évasives ont suscité de vives critiques de la part de ces habitants déjà exaspérés par cette «opération faite hâtivement», lance H. B. un père de famille. A en croire certains témoignages, les protestataires ont même été menacés par les autorités publiques «d'être évacués par la force, s'ils continuent leur mouvement de contestation».