Résumé de la 29e partie n D'autres contes algériens mettent en scène le personnage de l'ogre et de l'ogresse. C'est le cas du cycle de M'quidèche ou de H'didouane... L'ogresse partie, sa fille prend le grand plat à rouler le couscous. Tandis qu'elle travaille la semoule, elle parle à M'quidèche, enfermé dans la pièce voisine. — Ce soir nous allons, ma mère et moi, te manger ! — Je vous envie, dit M'quidèche, je dois être succulent, gras comme je suis ! — Oui, dit la fille de l'ogresse, encore plus stupide que sa mère ! — Tu es une jolie fille, dit M'quidèche, dommage que tu sois borgne ! — C'est ma mère qui m'a éborgnée quand j'étais petite, répond-elle... Elle devient aussitôt triste. — Hélas, toutes les filles de mon espèce se sont mariées, sauf moi... aucun ogre ne veut d'une épouse borgne ! — Quel dommage, dit encore M'quidèche... Il se tait un moment avant de reprendre. — Tu sais que nous les humains, nous possédons la science de la guérison ! — Et tu saurais guérir un œil borgne ! — Rien de plus facile pour nous, dit M'quidèche, qui sent avoir appâté la jeune fille. — Et tu pourrais me guérir ? — Pourquoi le ferais-je alors que tu t'apprêtes à m'égorger puis à me manger avec ta mère ! — Si tu me rends mon œil, dit l'ogresse, je promets de ne pas te faire de mal, en t'égorgeant et de ne pas te manger ce soir ! — Tu le jures ? demande M'quidèche — Je le jure, dit l'ogresse. — Alors, laisse-moi sortir... Elle lui ouvre la porte. — Je vais t'enlever ton œil et te placer un des miens, dit M'quidèche, il faut m'apporter un grand couteau ! L'ogresse va chercher un couteau. — Maintenant, tourne-toi... M'quidèch, armé du couteau se place derrière l'ogresse et, d'un coup puissant, il lui tranche la gorge. Il la dépèce, la coupe en morceaux et l'apprête avec le couscous. Puis il met ses vêtements et ferme un œil, comme s'il était borgne. Quand l'ogresse arrive, elle la prend pour sa fille et lui demande : — As-tu égorgé M'quidèche, l'as-tu mis à cuire dans le bouillon du couscous ? — Oui, dit M'quidèche — Alors sers-moi à manger, j'ai faim ! M'quidèche lui sert tout le couscous et toute la viande et, sortant dans la cour de la maison il la regarde manger. C'est alors que l'ogresse rencontre l'œil borgne de sa fille. Elle s'écrie : «Mais c'est l'œil de ma fille !» M'quidèche se sauve, en criant : — L'ogresse a mangé sa fille ! L'ogresse a mangé sa fille ! (à suivre...)