Echec n N'ayant pu résister aux courants nationalistes au début des années 60, le projet de l'édification maghrébine s'est brisé sur le roc des souverainetés retrouvées. La première organisation nationaliste algérienne, créée en 1926, avait pour dénomination «l'Etoile nord-africaine». Même en changeant de sigle pour devenir, plus tard, le Parti du peuple algérien, la formation n'avait rien cédé de sa dimension maghrébine, ses responsables étant convaincus que l'indépendance de l'Algérie était indissociable de l'affranchissement des peuples marocain et tunisien. Ce sentiment se raffermit davantage dans le feu de la Guerre de Libération nationale et l'engagement unitaire sera couronné en avril 1958 par la tenue d'une conférence regroupant, à Tanger, les dirigeants des trois partis nationalistes : le FLN, le néo-Destour (Tunisie) et l'Istiklal (Maroc). La rencontre se termine par un accord sur la création ultérieure de l'Union du Maghreb, sans en définir les contours, une fois l'indépendance de l'Algérie proclamée. Celle-ci interviendra en 1962 sans pour autant constituer le point de départ de l'édification maghrébine. «La dynamique unitaire n'a pas pu résister aux courants nationalistes», résume un ancien Premier ministre tunisien. Un état de fait illustré par le douloureux épisode de la «guerre des sables», la confrontation armée entre la toute jeune République algérienne et le Royaume du Maroc suite aux visées expansionnistes de ce dernier. De profondes divergences sur la conception du rôle de l'Etat ainsi que sur les orientations politiques et économiques ont fait le reste. Brisé sur «le roc des souverainetés recouvrées», pour reprendre l'expression d'une universitaire tunisienne, le vieux projet est aussitôt remis aux calendes grecques pour n'être déterré que 3 décennies plus tard, vers la fin des années 80. Le 10 juin 1988, Chadli Bendjedid, Hassan II, Zine El- Abidine Ben Ali, Mouaâmar El-Khaddafi et Mouaouiya Ould Taya se donnent rendez-vous à la station balnéaire de Zéralda , sur la côte ouest d'Alger, pour apporter une réponse à «l'intégration effrénée de l'Union européenne». À l'issue du conclave, la réponse prend forme : les «cinq» décident de la constitution d'une «grande commission», chargée de définir les voies et moyens permettant la réalisation d'une union entre les Etats du Maghreb. Huit mois plus tard, en février 1989, les cinq dirigeants se retrouvent de nouveau, cette fois à Marrakech, au Maroc, et scellent l'acte de naissance de l'Union du Maghreb arabe. Le vœu cher à Mohamed V, Messali Hadj ou Habib Bourguiba devient enfin réalité. Ou presque…