Tradition n Depuis de très longues années, les habitants des différentes localités de la capitale des Aurès tiennent à exprimer leur joie dès l'arrivée de thafsouth. Pour ces habitants, comme dans de nombreuses autres régions, l'annonce du printemps donne lieu à la préparation d'un gâteau traditionnel, les «bradj» que l'on ne déguste qu'au printemps, au point que cette saison est associée à l'odeur de la semoule grillée dans une pâte au beurre frais, fourrée de pâte de dattes dénoyautées appelée «ghars». La pâte de cette semoule, une fois parfumée aux clous de girofle et à l'eau de rose, est pétrie dans du beurre frais et du «smen» (beurre traditionnel) pour faire des galettes. Celle-ci est divisée, ensuite, en losanges dont chaque unité tient dans la paume d'une seule main, d'où le nom de «bradj» cuites sur un «tadjine» en terre cuite ou sur une plaque chauffante en acier. Ce gâteau traditionnel, consommé pour fêter la fin de l'hiver et le début du printemps, «n'est préparé qu'en cette occasion» durant laquelle les familles s'échangent des assiettes de «bradj» entre voisins et proches pour s'adonner après à des jeux de circonstance. «tafsouth», nom en tamazight du printemps, est fêté également par la préparation du «r'fis», un autre gâteau traditionnel à base de semoule de dattes et aussi de «ghars». Le premier jour du printemps est également accueilli par la préparation de la «chekhchoukha» (pâte feuilletée) ou d'un couscous somptueux que déguste, le soir, toute la famille réunie au grand complet pour cette fête dont les origines remontent aux temps les plus lointains. L'arrivée de la belle saison a toujours fait le bonheur des habitants de cette région qui préfèrent, parfois, la célébrer en groupe de familles autour de repas et gâteaux traditionnels, des youyous et des chants religieux. Les enfants, quant à eux, retrouvent la joie et la liberté de se déplacer sans craindre le froid, la pluie et les orages, d'autant que les journées ont, d'ores et déjà, commencé à s'allonger davantage. Chacun trouve son compte durant cette saison. Dans les localités rurales les plus reculées, le premier jour du printemps, les habitants organisent une partie de «kora», disputée par deux équipes, dont chaque joueur est équipé d'un un bâton (appelé kaous), à l'aide duquel il faut frapper sur une balle pleine, assez légère, confectionnée en liège ou parfois en chiffons. Autrefois, tout le monde est convié à prendre part au jeu de la «kora», y compris les femmes qui sortent profiter de la verdure et du beau temps.