Faits n À la veille de la date-anniversaire du début de la guerre en Irak, le 20 mars 2003, le pays demeure enfermé dans des conflits confessionnels et communautaires qui ont fait des dizaines de milliers de morts. Environ 2 millions d'Irakiens ont fui l'Irak, 1,8 million sont des déplacés à l'intérieur de leur propre pays, selon des données du Haut Comité pour les réfugiés des Nations Unies. Effrayés par les menaces et les violences, des milliers d'Irakiens se sont réfugiés à l'étranger. Entre 600 000 et un million d'entre eux sont partis en Syrie et 750 000 en Jordanie. Une ONG du Caire en dénombre de 120 000 à 150 000 en Egypte. Chaque mois, quelque 50 000 Irakiens fuient leur pays dans l'exode le plus important au Proche-Orient depuis celui des Palestiniens lors de la création de l'Etat d'Israël, en 1948. De plus en plus, les sunnites vivant dans des zones chiites, et les chiites résidant dans des régions sunnites désertent leurs domiciles pour rejoindre un quartier où ils se sentent en sécurité, parce que leur communauté y est majoritaire. Le nombre de morts est, quant à lui, difficile à cerner. Selon le site Internet Iraq Body Count, quelque 58 800 civils sont morts depuis la guerre. C'est sans doute un chiffre plancher minimum. Au moins 3 205 soldats américains, 132 Britanniques et 124 membres de la coalition sont morts en quatre ans. Après avoir renversé Saddam Hussein et sans avoir trouvé la moindre arme de destruction massive, la Maison-Blanche, loin de préparer un plan de retrait, renforce au contraire sa présence en Irak en envoyant 25 000 soldats supplémentaires pour atteindre 160 000 hommes sur le terrain en juin et ainsi tenter d'enrayer les violences confessionnelles qui ont explosé en 2006 après l'attentat de Samarra. La capitale et la province de Diyala sont les plus touchées et si le plan de sécurisation de Bagdad lancé en février dernier commence à faire sentir ses effets, des voitures piégées continuent à exploser dans la ville. Dans l'ouest et le nord du pays, Al-Qaîda poursuit son insurrection brutale contre le gouvernement irakien et les forces américaines. Dans le sud, les milices chiites rivalisent pour le contrôle des régions et des ressources pétrolières. «Des éléments de la situation en Irak tiennent de la guerre civile», conclut le rapport du Pentagone, dont les statistiques tendent à sous-estimer les violences, selon le rapport de la Commission Baker, qui rassemblait à la fois des républicains et des démocrates.