Des manifestations ont été organisées hier à travers plusieurs villes des Etats-Unis, en signe de protestation contre la présence des troupes étrangères en Irak, à la veille du cinquième anniversaire de l'invasion américaine de ce pays qui peine à retrouver sa stabilité politique et sécuritaire et où les civils irakiens ont payé le prix fort de l'instabilité. Quelque deux millions d'Irakiens ont fui à l'étranger depuis mars 2003, gagnant principalement des pays voisins comme la Jordanie et la Syrie, d'après le Haut- Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). On compte également, selon le HCR, plus de 2,5 millions d'Irakiens déplacés dans leur propre pays. Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), la plupart des déplacés internes ont fui leur domicile à cause de menaces directes sur leur vie. Malgré une réduction des violences confessionnelles depuis six mois, beaucoup reste à faire pour leur permettre de rentrer chez eux. Aux Etats-Unis, c'est le traumatisme. L'armée américaine a perdu depuis le début de son intervention près de 4 000 de ses soldats. Ces manifestations se sont ajoutées à d'autres, organisées ces derniers jours à travers plusieurs pays du monde, notamment au Canada, en Grande-Bretagne, en Australie ou en Espagne, pour réclamer le départ d'Irak des forces étrangères dirigées par les Etats-Unis. L'Irak entamera aujourd'hui sa sixième année d'occupation, alors que la situation politique et sécuritaire dans le pays demeure toujours instable, compte tenu de la persistance des divergences entre les principaux partis politiques et la poursuite de la violence sous toutes ses formes. En vue de « redynamiser le rôle des différentes factions dans le processus politique », les principaux partis politiques irakiens se sont réunis depuis mardi à Baghdad, en conférence de réconciliation qui s'est terminée en queue de poisson boycottée par d'importants partis, la conférence s'est achevée sans résultats tangibles. Ces développements en Irak interviennent, alors que le pays enregistre quasi-quotidiennement des attaques dont la dernière, la plus sanglante, a été perpétrée lundi, au milieu d'un groupe de fidèles dans la ville de Kerbala, dans le centre-sud de l'Irak coûtant la vie à au moins 52 personnes. De leur côté, les forces de sécurité irakiennes ont perdu au moins 12 000 policiers depuis le renversement du régime de Saddam Hussein en avril 2003, selon les autorités irakiennes. Quant aux bilan exact des personnes tuées en Irak depuis 2003, il est jusqu'ici inconnu, mais l'Organisation mondiale de la santé (OMS), en coordination avec le gouvernement irakien, parle de 150 000 morts. Par ailleurs, le secteur économique en Irak, durement affecté par l'invasion américaine, est désormais source d'inquiétude pour les 25 millions d'Irakiens, les services publics comme l'eau et l'électricité étant gravement endommagés par les violences. La production de pétrole, principale ressource du pays, aurait dépassé son niveau d'avant-guerre avec 2,9 millions de barils par jour, selon les officiels irakiens, mais les analystes du secteur l'estiment à quelque 2,2 millions de b/j. Les appels du gouvernement pour que les millions d'Irakiens ayant fui leur pays reviennent contribuer à son redémarrage, ont eu peu d'écho.