Constat n L'Algérie manque de médecins spécialistes, en particulier dans les régions isolées des hauts-plateaux et celles du sud. La faculté de médecine d'Alger compte 16 000 étudiants en sciences médicales. Chaque année, 1 000 diplômés en graduation (médecins, pharmaciens, chirurgiens dentistes) sortent de ses rangs et autant en post-graduation (spécialistes). Avec ces chiffres, et sachant que l'Algérie compte 9 facultés de médecine sur le territoire national, le manque de spécialistes persiste toujours. D'ailleurs, le ministre de la santé, de la population et de la réforme hospitalière, Amar Tou, y est revenu sur le constat à plusieurs reprises, notamment lors de sa visite à l'hôpital d'Aïn Azel (Sétif) en août dernier, où il a révélé que «les infrastructures relevant du secteur ne sont exploitées qu'à 55%» et annoncé que «le manque de médecins spécialistes dans les hôpitaux publics sera résolu d'ici à 2009. 1 000 médecins toutes spécialités confondues seront recrutés chaque année». Plus récemment le même ministre, lors d'une visite de travail effectuée dans la wilaya d'Alger, le 11 février 2007, a, encore une fois, soulevé le manque d'effectif particulièrement au niveau des services spécialisés comme la maternité, l'orthopédie, la psychopédiatrie, la chirurgie, la radiographie, l'orthophonie et la psychomotricité et insisté sur la nécessité d'effectuer «un travail de formation à la chaîne» afin de palier le déficit. Ce manque est d'autant plus ressenti et perçu au niveau des régions isolées des hauts-plateaux et du sud du pays. Cette carence trouverait son explication, selon des spécialistes, dans un certain retard enregistré au niveau de la formation par rapport à des spécialités médicales très pointues qui nécessitent des échanges réguliers et des mises à niveau périodiques auprès des plus éminents professeurs de par le monde ayant fait leurs preuves dans le domaine. Parallèlement, les médecins spécialistes titulaires du Dems (diplôme d'études médicales spécialisées) et les candidats à la spécialité, d'un côté, et les pouvoirs publics de l'autre se renvoient la balle de la responsabilité du déficit au niveau des régions isolées. Ces derniers reprochent aux médecins de déserter les régions déshéritées au profit des grands centres urbains. Quant aux premiers, ils dénoncent les difficultés rencontrées d'abord au concours de résident, la clé d'accès à la spécialité, dues à la rareté des postes dégagés ainsi que les conditions de travail dans les régions isolées qui sont rédhibitoires et pas du tout attrayantes ni motivantes (professionnellement et matériellement parlant). De ce fait, et à l'instar des travailleurs chinois dans le bâtiment, l'Algérie, dans le cadre de la coopération dans le domaine médical avec Cuba, a décidé de faire appel à 228 médecins spécialistes cubains pour pallier les besoins des Hauts-Plateaux et du sud dans les spécialités déficitaires telles que l'ophtalmologie, l'anesthésie, la chirurgie dentaire, la pédiatrie et la gynéyco-obstétrique. Quatre cliniques privées sont ainsi en train d'être réalisées par les cubains à Béchar, Ouargla, El-Oued et Djelfa et trois autres en instance à Tlemcen, Sétif et Tamanrasset.