Résumé de la 103e partie n Seamus cherche un alibi pour s'innocenter. Mais tous ses proches savent qu'Ethel le maltraitait. A quatorze heures, quand les quelques clients venus déjeuner commencèrent à partir, deux hommes pénétrèrent dans le bar. Le premier, la cinquantaine, des épaules baraquées et le teint rougeâtre, portait sur toute sa physionomie l'inscription «Flic». Son collègue était un Latino-américain, mince, approchant de la trentaine. Ils se présentèrent comme les inspecteurs O'Brien et Gomez, de la XXe circonscription. «Monsieur Lambston, prononça lentement O'Brien, savez-vous que votre ex-femme, Ethel Lambston, a été retrouvée dans le parc Morrison, qu'elle a été victime d'un meurtre ?» Seamus agrippa le rebord du bar, les phalanges blanches. Il hocha la tête, incapable d'articuler un mot. «Voudriez-vous nous accompagner au commissariat ?» demanda l'inspecteur O'Brien. Il s'éclaircit la gorge. «Nous aimerions vous poser quelques questions.» Après le départ de Seamus, Ruth composa le numéro de téléphone de l'appartement d'Ethel Lambston. Le récepteur fut décroché, mais personne ne répondit. Elle finit par dire : «J'aimerais parler au neveu d'Ethel Lambston, Douglas Brown. De la part de Ruth Lambston. — Que voulez-vous ?» C'était la voix du neveu. Ruth la reconnut. «Il faut-que je vous voie. Je serai là dans un instant.» Dix minutes plus tard, un taxi la déposait devant l'appartement d'Ethel. Comme elle sortait de la voiture et payait le chauffeur, Ruth leva la tête. Un rideau bougea au troisième étage. La commère d'au-dessus. Douglas Brown l'avait vue arriver. Il ouvrit la porte et recula pour lui permettre d'entrer. L'appartement était encore anormalement bien rangé, malgré la fine couche de poussière que Ruth remarqua sur la table. Il fallait faire le ménage tous les jours à New York. Etonnée que ce genre de réflexion pût lui traverser l'esprit en un moment pareil, elle se tint en face de Douglas, notant la robe de chambre coûteuse, le pyjama de soie qui dépassait. Douglas avait l'œil lourd, comme s'il avait bu. Ses traits réguliers auraient pu être beaux s'ils n'avaient été si mous. Mais ils rappelèrent à Ruth ces châteaux que les enfants construisent dans le sable, des châteaux qui sont balayés par le vent et la marée. «Que voulez-vous ? demanda-t-il. — Je ne vais pas perdre mon temps et le vôtre à raconter que la mort d'Ethel me désole. Je veux récupérer la lettre que Seamus lui a écrite, et je veux que vous mettiez ceci à sa place.» Elle tendit la main. L'enveloppe n'était pas cachetée. Douglas l'ouvrit. Elle contenait le chèque de la pension alimentaire daté du 5 avril. «Qu'est-ce que vous essayez de combiner ? — Je ne combine rien du tout. Je fais un simple échange. Rendez-moi la lettre que Seamus a écrite à Ethel, et entendons-nous bien. Seamus est venu ici le mercredi dans l'intention de remettre le chèque de la pension. Ethel n'était pas chez elle et il est revenu le jeudi parce qu'il craignait de n'avoir pas introduit correctement l'enveloppe dans la boîte aux lettres. Il savait qu'elle le traînerait en justice si la pension n'était pas versée. (à suivre...)