Résumé de la 77e partie n Ruth et Seamus voient leur union se «déliter». Ethel est la cause de tous les maux du couple. Elle allait affronter Ethel. Elle aurait dû le faire depuis des années. Elle avait lu assez d'articles écrits par Ethel pour savoir qu'elle se donnait l'image d'une féministe. Mais maintenant qu'elle venait de signer un gros contrat pour un livre, Ethel était beaucoup plus vulnérable. Le Post ne se ferait pas prier pour publier dans sa page six qu'Ethel escroquait mille dollars par mois à un homme dont les trois filles faisaient encore leurs études. Ruth se permit un sourire amer. Si Ethel ne renonçait pas à la pension alimentaire, elle partirait à l'attaque. D'abord le Post. Ensuite le tribunal. Elle s'était rendue au bureau du personnel de son entreprise pour demander une avance qui couvrirait les frais de scolarité. La directrice du personnel s'était montrée choquée en apprenant l'existence de la pension alimentaire. «J'ai une amie qui est une bonne avocate spécialisée dans les divorces, lui avait-elle dit. Elle travaille souvent à titre bénévole, et je suis sûre qu'elle aimerait beaucoup s'occuper d'une affaire comme la vôtre. Si je ne me trompe, une pension alimentaire décidée à l'amiable est irrévocable, mais il serait peut-être temps de mettre la justice à l'épreuve. Si vous faites jouer l'indignation publique, les choses peuvent changer.» Ruth avait hésité. «Je ne veux pas mettre les filles dans l'embarras. Il faudrait avouer que le bar rapporte à peine de quoi garder la tête hors de l'eau. Laissez-moi réfléchir.» En traversant la Soixante-treizième Rue, Ruth prit sa décision. Soit elle renonce à la pension, soit je vais voir cette avocate. Une jeune femme poussant un enfant dans un landau venait droit sur elle. Ruth fit un pas de côté pour l'éviter et heurta un homme au visage en lame de couteau coiffé d'une casquette enfoncée jusqu'aux yeux et vêtu d'un méchant pardessus qui empestait le vin. Fronçant le nez de dégoût, elle serra son sac contre elle et changea rapidement de trottoir. Les piétons se bousculaient, des enfants avec leurs livres de classe, des vieux habitants du quartier qui faisaient leur sortie matinale en allant acheter le journal, des gens qui tentaient désespérément de héler un taxi pour se rendre au bureau. Ruth n'avait jamais oublié la maison qu'ils avaient failli acheter à Westchester il y a vingt ans. Trente-cinq mille dollars à l'époque et elle devait valoir dix fois ce prix aujourd'hui. En apprenant le montant de la pension alimentaire, la banque avait refusé de leur accorder un prêt. Elle tourna en direction de l'est dans la Quatre-vingt-deuxième Rue, la rue d'Ethel. Carrant les épaules, Ruth ajusta ses lunettes, se préparant inconsciemment comme un boxeur sur le point de pénétrer sur le ring. Seamus lui avait dit qu'Ethel habitait un rez-de-chaussée avec une entrée particulière. Le nom sur la sonnette, «E. Lambston», confirma ses indications. Le son étouffé d'une radio à l'intérieur lui parvint. Elle pressa fermement son doigt sur la sonnette. Mais ni le premier ni le second coup de sonnette ne reçurent de réponse. Ruth n'était pas du genre à se laisser dissuader. La troisième fois, elle garda le doigt sur le bouton. (à suivre...)