Résumé de la 129e partie n Seamus ne peut plus supporter la pression des accusations qui pèsent sur lui. Va-t-il plaider coupable ? «Comme je vous l'ai dit, je ne suis pas avocat d'assises, mais je vais voir si je peux vous en trouver un. Je regrette.» Pendant quatre heures, Ruth resta assise en silence, le silence du désespoir. A vingt-deux heures, elle regarda les nouvelles et entendit le journaliste annoncer que l'on avait interrogé l'ex-mari d'Ethel Lambston. Elle éteignit précipitamment le poste. Les évènements de la semaine dernière passaient et repassaient dans son esprit comme une cassette défilant indéfiniment dans les deux sens. Il y a dix jours, l'appel téléphonique éploré de Jeannie : «Maman, j'ai honte. Le chèque est sans provision. L'économe m'a fait demander dans son bureau.» C'est à partir de là que tout avait commencé. Ruth se rappela ses cris, sa fureur contre Seamus. Je l'ai harcelé au point de le rendre fou, pensa-t-elle. La réduction des charges. Qu'est-ce que cela signifiait ? L'homicide par imprudence ? Combien d'années ? Quinze ? Vingt ? Mais il avait enterré le corps. Il s'était donné tout ce mal pour cacher son crime. Comment était-il parvenu à conserver ce calme ? Calme ? Seamus ? Le coupe-papier à la main, fixant du regard la femme dont il venait de trancher la gorge ? Impossible. Un souvenir lui revint en mémoire, un de ceux qui faisaient l'objet des plaisanteries en famille du temps où ils savaient encore rire. Seamus avait voulu assister à la naissance de Marcy. Et il s'était évanoui. A la vue du sang, il était tombé dans les pommes. «Ils étaient plus inquiets pour ton père que pour toi et moi, racontait Ruth à Marcy. Ce fut la première et la dernière fois où j'ai laissé ton père mettre les pieds dans la salle d'accouchement. Il valait mieux qu'il reste au bar à servir les clients plutôt que gêner le médecin.» Seamus qui regardait le sang s'écouler de la gorge d'Ethel, mettait son corps dans un sac de plastique, la transportait furtivement hors de son appartement. Ils avaient dit aux informations que les griffes avaient été ôtées des vêtements d'Ethel. Seamus aurait-il eu le sang-froid d'agir ainsi, puis de l'enterrer dans cette grotte au milieu du parc ? C'était tout simplement impossible, décida-t-elle. Mais s'il n'avait pas tué Ethel, s'il l'avait laissée dans l'état où il affirmait l'avoir quittée, en nettoyant le coupe-papier, en s'en débarrassant, Ruth avait alors peut-être détruit une preuve qui aurait pu conduire à quelqu'un d'autre... Cette pensée était trop accablante pour que Ruth s'y attardât davantage. Elle se leva avec lassitude et alla dans la chambre. Seamus respirait régulièrement, mais il bougea. «Ruth, reste avec moi.» Lorsqu'elle se coucha près de lui, il mit ses bras autour d'elle et s'endormit, la tête sur son épaule. A trois heures du matin, Ruth cherchait toujours quelle décision prendre. Puis, comme en réponse à une prière muette, elle se rappela qu'elle avait souvent rencontré l'ancien préfet de police Kearny au supermarché depuis qu'il avait pris sa retraite. Il souriait toujours très aimablement en disant : «Bonjour.» Il s'était même arrêté pour l'aider, un jour où son sac s'était déchiré. Elle l'avait instinctivement trouvé sympathique, même si sa vue lui rappelait qu'une partie de la pension alimentaire passait dans la boutique de luxe de sa fille. (à suivre...)