Cinéma n Réalisé par Bachir Derraïs, le film projeté jeudi en avant-première à la salle El Mougar, est inscrit dans «Alger, capitale de la culture arabe». Dix millions de centimes raconte l'histoire de Idir, un jeune ingénieur en électronique qui s'endette auprès de Salah, une ancienne connaissance enrichie dans l'import-export, de dix millions de centimes, et cela pour pouvoir payer les soins de son père. Mais Salah vient réclamer le remboursement d'urgence de la dette, car l'argent qu'il a prêté à Idir n'était pas le sien. Idir, qui rêvait déjà de vie de couple avec sa fiancée, Lynda, se retrouve, les yeux grands ouverts, au cœur du cauchemar : Salah n'était pas l'ami qu'il connaissait mais un intégriste et l'argent prêté venait du GIA (groupe islamique armé). Ainsi, et pour s'être fait prêter dix millions de centimes, Idir se retrouve, malgré lui, dans un maquis du GIA où les terroristes lui demandent de fabriquer des bombes destinées à des attentats. Le film s'ouvre sur les maux qui ont frappé l'Algérie. La tragédie algérienne, dans son horreur et son drame, est relatée à travers les mésaventures de Idir. Concernant la réalisation, le film révèle, hélas, des défaillances : le dialogue est creux, trivial. Le langage tenu par les acteurs est constitué de parcelles de phrase : il n'y a point de suite dans les idées. Il y a un échange de mots certes, mais pas de pensées. Cela atténue l'effet cinématographique du film. Le film est, par ailleurs, amorti à travers la composition des scènes. Pour certaines, elles sont espacées les unes des autres, ce qui cause un décalage et suscite une sensation de vide, alors que, pour d'autres, elles n'entretiennent point de relation corrélative. Il s'agit en fait, et c'est l'impression qui s'en dégage, d'une multitude de séquences, éparpillées, çà et là, et au moment du montage, ces scènes sont regroupées selon un ordre fortuit dans une combinaison qui nourrit cette sensation du remplissage. Des défaillances techniques, d'autre part, amoindrissent le déroulement du film. Il est à relever que le film est à l'origine réalisé en version française, donc tout le dialogue – ou presque – est en français. Mais comme il est placé sous le générique de «Alger, capitale de la culture arabe», le film est alors doublé. Il se trouve que la technique du doublage n'est tout bonnement pas maîtrisée. L'on perçoit d'emblée qu'il s'agit d'un doublage puisque le son (la voix) ne correspond absolument pas au mouvement des lèvres, créant ainsi un écart, un déséquilibre rendant la perception auditive incorrecte, truquée, factice, incommode. Premier long-métrage de Bachir Derraïs, il est inspiré d'un fait véridique rapporté, à l'époque, par un jeune colonel, Salim Merimèche. Tombée, plus tard, entre les mains du réalisateur, l'histoire a été utilisée pour un scénario écrit grâce à une collaboration avec Abdelkrim Behloul (réalisateur) et la complicité de Yasmina Khadra (écrivain). Le film est joué par Hicham Mesbah, Albane Fioretti, Abbes Zamanie, Nadia Samir, Saïd Amadis, Hadjira Oulbachir…