Le phénomène prend de plus en plus d'ampleur en Algérie n'epargant ni filles ni garçons.Si les tabous sont aujourd'hui brisés, des actions devraient suivre. Parmi ces 5 067 enfants maltraités, dont des bébés, «3 281sont des garçons et 1 786 des filles», a fait savoir le commandant Kheira Messaoudène, officier supérieur à la Dgsn, lors d'un séminaire sur la maltraitance des enfants en Algérie tenue jeudi à l'amphithéâtre du Cerist en présence de spécialistes de tout bord : psychopédagogues, médecins, psychologues, corps de sécurité et responsables de la Forem, initiatrice de cette rencontre. Celle-ci a été décidée en raison de «l'ampleur d'un phénomène sans cesse préoccupant», a déclaré Mustapha Khiati, président de la Forem en ouverture des travaux. Pour la représentante de la Dgsn, «le nombre d'enfants victimes de coups et blessures volontaires recensés en 2006 est de 2 992 dont 2 289 garçons alors que les enfants victimes d'agressions sexuelles est estimé à 1 474 victimes dont 799 filles». Ces chiffres ne reflètent toutefois pas toute la réalité d'une misère dans laquelle se débat une population de plus en plus vulnérable. «J'ai peur que ce ne soit que la partie visible de l'iceberg», dit M. Khiati à l'adresse des conférenciers. Il est utile de rappeler, dans la foulée, que «ces victimes sont généralement prises en charge juste après la constatation des brutalités au niveau des centres hospitaliers». Selon Mme Messaoudène, «ces enfants sont victimes de toutes sortes de violence. Violence sexuelle, violence physique, mauvais traitements et même malheureusement des homicides volontaires». La nature des actes d'agression caractérisée diffère selon le sexe. «Pour ce qui est des violences physiques, on trouve plus de cas répertoriés dans les rangs des garçons que dans les rangs des filles alors que dans le cas des violences sexuelles c'est plutôt le contraire, c'est-à-dire plus de filles exposées que des garçons. Mais cela n'empêche pas l'existence de garçons qui soient aussi victimes de violences sexuelles», ajoute l'oratrice qui, du coup, interpelle «tout le monde à s'impliquer davantage parce que le phénomène de la violence est d'abord un phénomène de société». L'officier de la Dgsn, dont l'exposé chiffré fut attentivement suivi par l'assistance, regrette surtout le fait qu'il y ait un déficit notoire des centres spécialisés dans la prise en charge de l'enfance maltraitée. «Généralement une fille victime d'un viol ou d'un inceste est cloîtrée dans un même centre qu'une fille qui est arrêtée pour prostitution, ou proxénétisme, une fille qui a commis un larcin ou même un crime. Devant une telle situation, quelle serait, selon vous, le sort de cette fille? Allons-nous la jeter directement entre les griffes de la prostitution ? Sur ce plan, il faut agir avec la plus grande fermeté mais aussi avec un grand humanisme parce qu'il s'agit avant tout de victimes», prévient la représentante de la Dgsn qui affirme en conclusion qu'au niveau de la police, le phénomène de la maltraitance «est du ressort des cellules dites brigades de protection de l'enfance, installées au niveau des 48 wilayas et qui activent depuis deux ans avec un effectif à 85% féminin».