Un nombre important d'entrepreneurs dans le secteur du bâtiment exercent sans le moindre respect des règles du code du travail en vigueur. Ils emploient des dizaines d'ouvriers sans les déclarer à la sécurité sociale, en dépit du danger permanent que représente cette activité sur la santé et même la vie des ouvriers. Surexploitation, salaires humiliants et non-respect des règles de sécurité et d'hygiène les plus élémentaires sont donc les maîtres mots de ce secteur. Les inspecteurs du travail, censés veiller à l'application du code du travail et à la protection des travailleurs, ne font que de rares apparitions dans ces chantiers, permettant aux employeurs de violer la loi en toute quiétude. Pourtant, les hauts responsables de l'Etat ne cessent de clamer que la guerre est déclarée contre toutes les formes de violation des lois de la République. Qui croire? Certains employés que nous avons interrogés à ce sujet n'ont pas manqué d'accuser aussi bien leurs employeurs que les inspecteurs de s'adonner à la corruption pour les priver de leurs droits les plus élémentaires. «Personnellement, j'ai travaillé plus de douze ans dans ce métier et j'ai constaté à plusieurs reprises la venue inopinée des inspecteurs aux chantiers, mais aucun entrepreneur n'a été sanctionné jusque-là. Ils deviennent de bons amis en un temps record et ils s'amusent sur le dos des pauvres malheureux», affirme, Abdelkader, un maçon originaire de Chlef. Aucune assurance, ni garantie d'avenir ne sont offertes à cette frange de la société. Une situation qui interpelle les autorités suprêmes du pays, car des milliers d'âmes sont exposées au péril à n'importe quel moment sans que personne leur vienne en aide. Un pauvre est condamné à travailler dur afin de gagner son pain et sa dignité, mais l'Etat doit aussi protéger ces classes fragiles et sans horizons.