Partage n Une rencontre avec Sid-Ali Kouiret a eu lieu, hier, dimanche, au Centre culturel de la Radio nationale. Cette rencontre ne se voulait pas formelle et ne s'est donc pas déroulée selon le rituel question-réponse. C'était une sorte de retrouvailles où l'invité parlait à bâtons rompus. Sid-Ali Kouiret n'a, en effet, nul besoin de présentation, il fait partie du patrimoine artistique. C'est un homme de théâtre et notamment de cinéma qui a marqué (sur scène et en image) la mémoire de l'Algérie. L'artiste a partagé avec l'assistance sa vie, sa carrière, mais aussi ses regrets et son coup de gueule. Il a commencé à raconter ses premiers pas dans le théâtre. «Avant, je n'aimais pas le milieu artistique. Je détestais cela. J'avais d'ailleurs des idées préconçues», a-t-il dit. Et d'ajouter : «C'est par un concours de circonstances que je me suis retrouvé à faire du théâtre. Avant, j'étais un voyou, un garçon de la rue, attiré par les combines. Je ne savais ni lire ni écrire. Un jour, Mustapha Kateb préparait une pièce, Le Tartuffe de Molière, et dans cette pièce, il cherchait un jeune garçon. Il m'a rencontré et son intérêt a été porté sur ma vivacité. Il m'a donc proposé d'y jouer. J'ai accepté et c'est là, à ce moment même que j'ai fait mes premiers pas dans le théâtre.» Sid-Ali Kouiret, qui remontait dans ses souvenirs avec nostalgie et s'exprimait avec émotion, a soutenu que le théâtre lui a appris beaucoup de choses. «Pour moi, le théâtre est une école. Lorsque j'ai commencé à le faire, je suis passé de la rue à la scène, d'un langage trivial, voire vulgaire à un langage soutenu. J'ai commencé à dire la poésie de Molière ou d'El-Moutanabi. Le théâtre m'a éduqué et m'a appris à lire et à écrire. Mustapha Kateb m'a aidé à le faire.» Sid-Ali Kouiret s'est montré reconnaissant envers le théâtre algérien. «C'est grâce à Mustapha Kateb et Mahiedine Bachtarzi, et à bien d'autres, que j'ai pu m'en sortir. Si j'ai pu le faire, c'est parce que le théâtre m'a appris à écouter. J'étais attentif à ce que les autres me disaient et je tenais compte de leurs observations , de leurs critiques et de leurs conseils pour avancer et me construire une expérience. Le théâtre est un enrichissement. Il est constructif.» Sid-Ali Kouiret a, ensuite, regretté que le théâtre algérien ne soit plus ce qu'il était avant. «Il y avait, avant, des gens qui veillaient sur le théâtre. C'étaient des gens rigoureux et exigeants. Il se trouve qu'aujourd'hui, et malheureusement, la scène est ouverte au tout- venant. Il n'y a plus - ou très peu - de talents. Il faut d'ailleurs autant de talents pour en dénicher des talents. Cela revient à dire que le théâtre nécessite de l'expérience et donc du travail.» La façon dont le théâtre se fait aujourd'hui n'est, selon lui, qu'une façon d'en faire, une tentative sans plus qui, souvent, se révèle vaine. Il est à relever enfin que Sid-Ali Kouiret a, depuis près d'une vingtaine d'années, disparu de la scène «Ce n'est pas à moi qu'il faut demander pourquoi j'ai disparu de l'écran ou de la scène. Il faut poser la question à ceux qui ne m'ont pas fait appel, notamment ceux qui m'ont écarté. Moi, je voulais continuer à travailler. Mais en ce moment, les choses vont bien. Je suis sur quatre films.»