Saïda est une jeune fille venue de Laghouat dans l'espoir de trouver son nom sur la liste des personnes qui vont subir une greffe de cornée à l'hôpital de Beni Messous. Accompagnée de sa mère, cette jolie fille, qui va se marier l'été prochain, ne cache pas sa timidité en essayant de raconter son calvaire qui dure depuis …20 ans. «C'est en apprenant qu'une dizaine d'opérations de greffes de cornée ont été réussies dans cet hôpital que j'ai décidé de venir voir s'il y a une chance pour moi», raconte-t-elle. Saïda, âgée de 25 ans, a eu une maladie à l'œil droit à l'âge de 5 ans. «Je me suis inscrite sur les listes d'attente d'une dizaine d'hôpitaux, en vain. J'attends toujours. Je ne sais pas quelles sont les priorités dont le ministre a parlé. Je vais me marier prochainement. Est-ce que mon cas n'est pas une priorité ?», s'interroge-t-elle. Malheureusement, Saïda doit encore attendre. Les médecins lui ont expliqué, une fois encore, que le nombre de cornées est très limité et sont importées directement des USA. Interrogé sur les priorités, le Dr Nouri répond : «Si on constate que l'infection d'un œil pourrait se propager à l'autre, ça constitue une priorité. L'âge aussi. On ne peut pas commencer par opérer un sexagénaire et laisser un enfant ou un adolescent ayant tout un avenir devant lui. D'autres veulent seulement des opérations esthétiques et ça aussi ne constitue pas une priorité ni une urgence», souligne-t-il. Apparemment, habitués aux réponses négatives, les gens qui ont besoin d'une greffe ne se déplacent plus aux hôpitaux. «Ils laissent leurs coordonnées au niveau des hôpitaux et attendent un miracle …», explique une secrétaire au niveau du service d'ophtalmologie au CHU de Beni Messous. D'ailleurs, nous n'avons rencontré dans la salle d'attente que Saïda et sa mère.