Expérience n Le Dr Nouri a réussi récemment, avec son équipe, une dizaine de greffes de cornée à l'hôpital de Beni Messous. InfoSoir : Avec la réussite de vos interventions récemment, peut-on parler d'une reprise sérieuse dans ce domaine ? Pr Nouri : Non ! Pas du tout. Cette opération dépend totalement de la disponibilité d'organes. Les cornées greffées, récemment, ont été importées directement des Etats-Unis et c'est très insuffisant. C'est pour la première fois qu'on reçoit une aussi importante quantité de cornées, une quinzaine. Mais les années précédentes on n'en recevait que 2 à 3 par année. Le laboratoire américain est sollicité par des dizaines de pays de par le monde, alors il ne peut pas satisfaire toute la demande. Depuis 2000, il y a eu des greffes de cornée à Beni Messous, mais au rythme d'une à deux seulement par an! C'est un espoir éphémère alors que celui entretenu par les centaines de malades sur les listes d'attente ? Oui ! Moi, je ne vous cache pas que je désespère à leur place. Malgré les interventions que j'ai faites sur les ondes de la radio et mes conférences sur la nécessité de banaliser la «culture de donneurs» et de changer la mentalité des Algériens, rien n'a changé. Prélever un organe sur un cadavre reste un véritable tabou chez les familles algériennes. Il faut une mégacampagne de sensibilisation où tout le monde doit être représenté (association, ministères, religieux, etc.). Je ne vous cache pas qu'on a essayé cela, en vain. C'est très dur de changer cette idée. Les organes greffés auparavant ont été prélevés difficilement sur des proches des patients … Et la solution alors !? Franchement, il n'y a aucune solution ! Les patients sur les listes d'attente continueront à subir le calvaire au quotidien. Leur seul espoir c'est que la culture de donation soit banalisée en Algérie ou à défaut importer les organes de l'étranger ce qui est très difficile, vu leur rareté et leur coût très élevé.