Résumé de la 16e partie n Les auteurs antiques ont décrit des pratiques qui s'apparentent bien à un culte dont seraient l'objet les animaux. On a retrouvé des cimetières entiers d'animaux au Tassili : ainsi, dans la région de Menkhor, c'est un cimetière de bœufs qui a été exhumé. Les animaux ont été abattus, dépecés et enterrés par quartiers. La disposition des os ainsi que certains détails, comme la présence dans une sépulture d'une poterie, ou le prélèvement de la peau et des cornes, laissent croire que l'inhumation était associée à un culte dont le bœuf était le pivot ou l'un des pivots. Des datations effectuées sur les restes font remonter cette nécropole animale au Ve millénaire. En dehors des Berbères, beaucoup de peuples anciens avaient pris également le bœuf comme animal sacré, voire pour une divinité : on se souvient que les Hébreux, profitant de l'absence de Moïse, ont façonné un veau d'or et se sont mis à l'adorer. Il s'agit, en réalité d'un culte importé d'Egypte, que les patriarches hébraïques avaient pratiqué et que Moïse avait interdit. Un autre animal sacré chez les anciens maghrébins est le bélier. Comme le taureau, il semble avoir été l'objet d'un culte très répandu et surtout très ancien. Les représentations du bélier sont, en effet, très nombreuses dans l'art préhistorique maghrébin et saharien. A côté des animaux, que l'on pourrait dire communs et qui apparaissent dans les troupeaux, il y a ce que l'on a appelé les béliers à sphéroïde, animal orné d'une coiffure en forme de sphère. Les bêtes représentées sont des mâles mais il y a aussi parmi elles des femelles. Si beaucoup de savants pensent qu'il s'agit d'animaux domestiques, d'autres, comme Henri Lhôte, le célèbre spécialiste de la préhistoire saharienne, pensent qu'il s'agit de bêtes sauvages. On cite à l'appui de cette hypothèse le fait que des animaux sauvages aient aussi porté des sphéroïdes alors que d'autres animaux domestiques ne la portent pas. En tout cas, domestiques ou sauvages, ces ovidés semblent avoir été associés à un culte, bien que certains spécialistes pensent le contraire. La coiffure en forme de sphère est sans doute une coiffure cérémonielle, sans doute un bonnet, plus ou moins complexe, selon les représentations, que portent aussi des personnages humains sur certaines gravures. Certains spécialistes pensent que ces personnages pourraient représenter une divinité à laquelle était associé le bélier. Dans certaines peintures, le bélier est accompagné de personnages humains : l'homme précède l'animal et, les mains levées, semble en position de prière. Dans d'autres scènes, l'homme est armé d'une hache, ce qui laisse supposer qu'il va sacrifier l'animal. Des éléments d'une religion ancienne, à laquelle est associé le bélier, semble avoir résisté, dans certaines régions du Maghreb, à l'islamisation. Ainsi, au XIe siècle de l'ère chrétienne, le voyageur musulman El- Bekri signale, dans une tribu du sud marocain, un culte du bélier. Mais cette pratique semble marginale puisque selon El-Bekri, les gens qui s'adonnaient à ce culte devaient se cacher, à cause de la désapprobation générale qu'ils encouraient. Signalons que le bélier a gardé une certaine importance symbolique puisque, à côté du bœuf, il demeure l'animal de sacrifice préféré des populations maghrébines.