Indices n Au Maghreb, le culte du bœuf est très ancien. Ainsi, dans la région du Tassili, un cimetière de bœufs a été exhumé. Au VIe siècle, l'écrivain latin Corippus signale qu'une tribu berbère, qui peuplait la Tripolitaine — les Laguatans — adorait le taureau, appelé Gurzil. Il était né, selon eux, de l'union du dieu Ammon avec une vache. Avant d'engager un combat, les Laguatans sollicitaient l'aide de Gurzil en lâchant un taureau sur leurs ennemis. En fait, le culte du bœuf est très ancien chez les Berbères puisqu'il figure déjà sur les peintures rupestres de la préhistoire. Cet animal est encore aujourd'hui associé, au Maghreb, aux rites de la fécondité : c'est lui qu'on sacrifie au cours des labours et des récoltes et dans les grands rassemblements autour des mausolées des saints. Le taureau symbolise la force et l'impétuosité de la vie : son sang, versé sur le sol, le vivifie et permet d'obtenir de belles récoltes. Ces sacrifices anciens sont cités par les auteurs antiques. Ainsi, au Ve siècle avant J.-C., Hérodote rapporte que les Berbères, avant de faire des sacrifices à la lune et au soleil, coupaient un morceau de l'oreille des bêtes et les jetaient au-dessus de leurs maisons pour attirer sur elles la prospérité. On a retrouvé des cimetières entiers d'animaux au Tassili ; ainsi, dans la région de Menkhor, c'est un cimetière de bœufs qui a été exhumé. Les animaux ont été abattus, dépecés et enterrés par quartiers. La disposition des os ainsi que certains détails, comme la présence dans une sépulture d'une poterie, ou le prélèvement de la peau et des cornes, laissent croire que l'inhumation était associée à un culte dont le bœuf était le pivot ou l'un des pivots. Des datations effectuées sur les restes font remonter cette nécropole animale au cinquième millénaire. Hormis les Berbères, beaucoup de peuples anciens avaient pris également le bœuf comme animal sacré, voire pour une divinité : on se souvient que les Hébreux, profitant de l'absence de Moïse, ont façonné un Veau d'or et se sont mis à l'adorer. Il s'agit, en réalité, d'un culte importé d'Egypte, que les patriarches hébraïques avaient pratiqué et que Moïse avait interdit. (à suivre...)