Figure n Globe-trotter des temps modernes, l'Allemand Pfister a marqué de son empreinte le football africain. Rencontré à Chlef après le match ASO - El-Merrikh, le plus Africain des Allemands nous a gentiment reçus et répondu. InfoSoir : Pour commencer, si l'on parlait de l'accueil ? Otto Pfister : ?a ne m'étonne nullement du moment que je connais bien le peuple algérien. Je ne vous cache pas que ça a été une exception. Les préceptes du football humanisme ont été suivis à la lettre. Et si l'on revient au match ? Je dirai que l'ASO a mérité sa victoire. ?a nous arrange qu'elle soit de petite marge, car surmontable. Les Chélifiens ont usé de leur savoir-faire pour réaliser leurs desseins. Il nous reste à négocier le match retour qui nous sera favorable pour plusieurs raisons. On a commis plusieurs erreurs et il nous faudra travailler dur pour nous rattraper. Je ne vous cache pas que la fatigue et la pelouse nous ont été défavorables en plus de l'absence de deux éléments-clés dans l'équipe. Le match retour sera déterminant Du Gabon au Soudan, on ne s'y attendait pas... Ayant été sollicité par les dirigeants d'El-Merrikh qui se sont intéressés à moi après la fin de mon contrat, je suis arrivé à un accord avec les responsables, même si, d'un côté, je préfère le travail en sélection. Car, il se soumet à une stratégie globale surtout chez les jeunes catégories. J'ai su que la direction du club veut faire d'El-Merrikh un grand club. Les moyens ne manquent pas ici. On s'y investit totalement. Pouvez-vous nous dresser un tableau du football soudanais ? En résumé, le championnat connaît une petite lutte entre deux clubs, El-Hillal et El-Merrikh. Depuis cinq mois que je suis au club, on en parle beaucoup. Le club rival est constellé de joueurs brésiliens (8). Pour nous, on a gagné la coupe du Soudan, un mois après mon arrivée, face à El-Hillal. On vise le championnat et pourquoi pas cette coupe d'Afrique. Le football soudanais veut se refaire une place dans le gotha africain. N'ayant pas été à une phase finale de la CAN depuis 1976, les dirigeants du football national ont l'intention de faire le saut. La passion et l'argent existent, il manque les infrastructures. Imaginez qu'El-Merrikh est un club qui attire 35 000 personnes à chacune de ses apparitions. Quelle est votre mission à El-Merrikh ? Essayer de redorer le blason du club. Je me défonce à leur faire accepter mes idées qu'ils doivent transmettre aux générations futures. C'est pour cela que j'ai exigé que le sélectionneur national soit mon adjoint. Imaginez qu'en arrivant, j'ai trouvé l'équipe s'entraînant à 17 h. J'ai tout changé au club en misant sur la bonne prise en charge des jeunes du club. Quel jugement portez-vous sur le football algérien ? N'ayant pas toutes les données le concernant, je ne peux donner un véritable aperçu sauf qu'il est regrettable que l'Algérie puisse perdre de son aura depuis 1990, dernière belle année de son football. Et pourtant, ce ne sont pas les moyens qui manquent. Je sais qu'à l'image du football soudanais, l'ambiance et l'enthousiasme des masses pour cette discipline sont présents au quotidien. La seule tare, je crois, est cette pression inutile à chercher le résultat, ce qui provoque une précipitation des choses. Seule la patience payera, car c'est une clé de la réussite. Et que conseillez-vous aux Algériens ? D'abord être patients et oublier les résultats immédiats. Investir dans les jeunes et savoir prospecter les bons talents qui doivent être bien canalisés. Le système de compétition des jeunes doit être rehaussé et doit être promu. Promouvoir les pelouses naturelles. Travailler à long terme et assurer le suivi de ces jeunes. Les Ghanéens du Mondial ont été sous ma coupe en cadets et en juniors. On a gagné une Coupe du monde et on en a joué deux finales. La suite, tout le monde la connaît. Ce que vous préconisez est le chantier de Schnittger depuis qu'il a atterri en Algérie. Celui-là, c'est quelqu'un qui connaît bien son travail. C'est un grand monsieur en matière de stratégie. Il faut essayer d'être patient avec lui. Il fera sortir le football algérien de son marasme. Il faut que d'autres gens suivent et doivent être utilisés à bon escient en Algérie. Je nommerai, Khalef, un très bon ami et quelqu'un de renommé, pourquoi ne pas profiter de son expérience ? Zouba aussi. De véritables lumière de football. Savez-vous que les jeunes catégories en Algérie jouent devant les gradins presque vides ? ?a ronge l'esprit du jeune footballeur qui a besoin d'un encouragement. J'ai vu le match USMA-MCA, quel monde et quel public. La passion du football et de la gagne se lisaient sur tous les visages. J'aurais bien aimé un match de jeunes en ouverture. Vous étiez sur le point de venir travailler ici... J'étais très chaud à travailler en Algérie, mais j'ai beaucoup attendu. En effet, c'est un intermédiaire qui est venu me voir. J'attendais du concret de la FAF, mais rien n'a été fait dans ce sens. Entre-temps, l'offre gabonaise s'est présentée. Et pour ce qui est des clubs ? J'étais sur le point d'opter pour l'USMA dont le président me voulait. Je dois dire que je préfère les sélections, jeunes surtout. L'avenir? Ne sait-on jamais. Je pourrais faire un saut en Algérie (rires). Ne serait-ce que pour profiter de la nature et du beau climat. Un dernier mot? Merci pour l'accueil. Ayez soin de votre football qui réagira par la voix des jeunes s'ils sont bien pris en charge.