InfoSoir : Comment impliquer la diaspora scientifique dans le développement économique ? Mustapha Khiati : C'est cela la question qui est posée aujourd'hui par ce colloque. Il y a eu plusieurs tentatives durant les années 1980 et 1990. Elles n'ont pas abouti parce qu'il n'y avait pas eu de suivi. Aujourd'hui, on voit que beaucoup de nos compétences qui ont un rôle reconnu et certain dans leurs pays d'accueil respectifs et qui peuvent jouer un rôle important, de premier plan dans le développement de l'Algérie, auxquels on ne fait pas appel. Ces compétences démontrent à travers ce colloque qu'elles veulent contribuer au développement socio-économique. La situation de l'Algérie en 2007 n'est plus celle des années 1990. Nous devrons donc valoriser ou plutôt revaloriser ces ressources humaines et les impliquer positivement dans le développement. Comment pourrait-on arriver à le faire ? Il faut créer des mécanismes qui vont jouer le rôle d'interface entre ces compétences et les différents centres de recherche, les universités, les entreprises, pour voir comment les gens peuvent travailler ensemble. A titre d'exemple, il y a certaines entreprises économiques qui cherchent un profil donné pour réussir à réaliser le transfert technologique et qui ne le trouvent pas. Ce serait peut-être le rôle de cette structure de rechercher le bon profil parmi les compétences algériennes à l'étranger et de les mettre en contact avec les entreprises concernées. On parle souvent de manque de volonté politique…. Non, je ne dirai pas manque de volonté politique mais plutôt un problème administratif qui fait que les dossiers posés par nos expatriés changent fréquemment de main, ce qui fait qu'un tel ou tel projet est tué dans l'œuf. Il faudra donc humaniser les rapports et les privilégier parce qu'il y a urgence. C'est là où la société civile peut s'impliquer. Quels sont les domaines sur lesquels ces compétences peuvent intervenir ? Les domaines sont nombreux et diversifiés. Nous avons les nouvelles technologies de la communication, les énergies nouvelles, la nanotechnologie, les biotechnlogies, le BTPH. Autant de domaines qui peuvent annoncer demain l'Algérie de l'après-pétrole avec une croissance économique qui ne se basera plus uniquement sur le seul secteur des hydrocarbures. Peut-on quantifier la plus-value à engranger éventuellement ? En fait, on ne peut pas quantifier cette plus-value sur le plan économique. Mais je dirai que la valeur de cette ressource humaine qui fait ailleurs les beaux jours des laboratoires étrangers sera certainement inestimable et aura un poids beaucoup plus important en termes de transfert de technologie. Un gain bien meilleur et un capital beaucoup plus important que les gisements tarissables du pétrole.