Problématique n Trois jours durant, des scientifiques algériens venus d'horizons divers tenteront de démêler l'écheveau de la problématique du savoir et de la connaissance en Algérie. Comment faire profiter l'Algérie d'un gisement de substance grise dans lequel s'abreuve uniquement l'Occident avec des dividendes estimées à des milliards ? Le colloque sur les compétences nationales à l'étranger et leur implication directe dans l'essor de la double sphère économie-université constituent selon Mustapha Khiati, président de la Forem, co-organisateur de l'événement, «une occasion en or pour chercher les bons leviers et les bons mécanismes». Le plus important à travers ce colloque est de chercher, en étroite collaboration avec le ministère de l'Enseignement supérieur et des autres structures de l'Etat comment arriver «à mettre à profit un capital expérience et un gisement technologique et scientifique acquis des années durant pour essayer, chacun dans son domaine, de booster l'économie algérienne qui ne doit pas être seulement un champ d'expérimentation pour les sous-produits chinois et les produits de bazar», nous a déclaré, pour sa part, Mohamed Boudjellal, docteur en biologie moléculaire, établi depuis 18 ans en Grande-Bretagne et expert consultant chez GlaxoSmithKline, un des leaders mondiaux de la pharmacologie. «Nous ne sommes pas là pour demander des salaires astronomiques ou des logements. Dieu merci, nous ne sommes pas dans le dénuement. Ce qui nous préoccupe le plus c'est de savoir comment aider l'économie, l'université et l'entreprise algériennes à sortir de l'ornière avec le savoir-faire en termes de management surtout, acquis depuis des années à l'étranger par l'ensemble de la diaspora algérienne», nous a-t-il dit. Au sujet justement de cette diaspora, notre interlocuteur ajoutera ne pas disposer de statistiques fiables mais selon toute vraisemblance, «rien qu'aux Etats-Unis et pour la seule période comprise entre 2000 et 2005, elle regrouperait par moins de 10 000 spécialistes dans les domaines de la high-tech, notamment». Ce chiffre record ne tient évidemment pas compte du «grand nombre de nos compatriotes qui ont choisi la citoyenneté américaine». En termes d'atouts, ces chercheurs ont, précise-t-on, un cursus universitaire remarquable. «Ils ont au minimum un magistère sans compter les centaines de PHD qui font la pluie et le beau temps dans les prestigieuses universités américaines telle la John Hopkins University». Pour ce qui est de l'Europe, les chiffres sont encore beaucoup plus importants si l'on se fie aux déclarations de Abdelakader Essafi, président d'IB Scientific, co-organisateur de cette manifestation avec La Forem. «Les statistiques non officielles tournent autour de trente ou quarante mille Algériens avec une grande concentration à Londres, où il y aurait pas moins de 3 000 chercheurs» précisera-t-il, tout en signalant que ce qui manque aujourd'hui pour stimuler davantage ce genre de retrouvailles reste incontestablement «le problème du contact en Algérie». Cependant l'implication éventuelle des compétences algériennes «ne signifie pas systématiquement le retour définitif en Algérie». Le monde étant devenu un village planétaire, il est ainsi admis qu'avec les nouvelles technologies, le courriel, la visio-conférence et Internet, nos éminents chercheurs pourront être disponibles à tout moment. «Ce serait un grand avantage pour tout le monde. Pour les entreprises et les universités algériennes d'abord et pour les chercheurs expatriés qui pourront éventuellement investir en Algérie ensuite», estimera pour sa part, Belgacem Rahmani, président du Regroupement des Algériens universitaires du Canada (Rauc).