92% des naissances sont des accouchements prématurés. Leur sort n'est pas des plus reluisants. Plus d'un million d'enfants prématurés meurent chaque année dans le monde. Qu'en est-il en Algérie? Selon le professeur Mustapha Khiati, président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem), plus de 10.000 cas de mortalité néonatale, appelée communément décès précoce, dont «la plus grande majorité sont des naissances prématurées, sont enregistrés chaque année en Algérie». Ce chiffre est des plus alarmants, sachant que 92% des naissances sont des accouchements prématurés. Cependant, ce taux a sensiblement diminué durant les dix dernières années. Pour le Pr Khiati, ces chiffres peuvent encore baisser davantage «si on mettait le paquet sur la prévention et la sensibilisation». A ce sujet, les spécialistes de la santé signalent que les nouveau-nés prématurés sont particulièrement exposés au risque de mortalité durant les premiers jours, voire les premières heures de leur naissance. Joint hier, le Pr Khiati a indiqué que la situation de ces enfants nés avant terme est très inquiétante. C'est «une véritable tragédie anonyme» qui se joue au quotidien et «un problème majeur de santé publique», a-t-il averti. Pour une meilleure illustration, il n'a pas été sans soulever d'autres problèmes relatifs à la morbidité et à la mortalité infantile. Ainsi, outre les nombreuses complications de leur état de santé, beaucoup d'autres facteurs sont aussi à incriminer. «Une prise en charge efficiente des prématurés au niveau des services spécialisés pose un grand problème», a-t-il affirmé, en précisant que la norme est une infirmière pour chaque enfant prématuré. Et là encore, cette prise en charge s'avère «très coûteuse» et largement au-dessus des moyens de la majorité. Dans le même contexte, il a attiré l'attention sur l'énorme déficit accusé par l'Algérie en matière de prestations. Selon le professeur, «les unités de néonatologie réparties à l'échelle nationale ne dépassent pas une dizaine». Elles sont réparties au niveau des plus grandes villes du pays, ce qui entrave beaucoup la prise en charge des mères et des enfants prématurés venus de l'intérieur du pays. Par ailleurs, le Pr Khiati a insisté sur un autre problème non moins épineux et qui, malheureusement, tend à devenir un phénomène de société. En effet, il a condamné les passe-droits: «Il faut être pistonné pour avoir droit à une couveuse et bénéficier de soins dans une unité de néonatologie», déplore-t-il. Dans le même ordre d'idées, il a rappelé, également, que de nombreux décès périnatals et néonatals proviennent de grossesses non ou mal suivies et de grossesses à haut risque. Pour lui, cet état de fait interpelle, aujourd'hui plus que jamais, les spécialistes de la santé et les pouvoirs publics pour mettre fin à une situation qui perdure, menaçant la vie de milliers d'enfants prématurés. Une étude scientifique, publiée il y a deux jours à Washington, a révélé que la plus grande concentration de ces décès est enregistrée en Afrique et en Asie. L'étude en question, menée par la fondation américaine March of Dimes, relève qu'environ un million de l'ensemble des décès intervenus durant les premiers mois de la vie des nouveau-nés, soit 28% de la mortalité infantile, est attribué aux naissances prématurées, faisant remarquer que les pourcentages les plus élevés de ces naissances sont signalés en Afrique et en Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada). Les auteurs de cette étude signalent que sur les 13 millions de bébés prématurés qui voient le jour chaque année dans le monde, plus de quatre millions sont signalés en Afrique. Ce chiffre a atteint en Asie les sept millions. Ce qui implique que plus de 85% des naissances prématurées ont lieu dans ces deux continents. «Les naissances prématurées constituent un gros problème mondial qui engendre d'énormes conséquences émotionnelles, physiques et financières pour les familles, les systèmes de santé et l'économie», a déclaré la présidente de March of Dimes, le Dr Jennifer L.Howse.