Résumé de la 131e partie n Avant de rencontrer Myles, Ruth passe un interrogatoire à son mari. Au fond, elle sait qu'il est innocent. Seamus contempla fixement sa tasse de café. Comme si elle contenait tous les secrets de l'univers, songea Ruth. Puis, il se redressa et regarda Ruth droit dans les yeux. On aurait dit qu'une bonne nuit de sommeil, le fait d'avoir parlé aux filles et un copieux petit déjeuner l'avaient remis sur pied. «Je n'ai pas tué Ethel, dit-il. Je lui ai fait peur. Bon Dieu, je me suis fait peur à moi-même. Je n'avais pas l'intention de la pousser, mais mon poing est parti tout seul. Elle s'est coupée parce qu'elle a voulu prendre le coupe-papier. Je le lui ai arraché des mains et l'ai lancé sur le bureau. Mais elle était morte de peur. C'est alors qu'elle a dit : «D'accord, d'accord. Tu peux garder ta maudite pension alimentaire.» — C'était jeudi après-midi, dit Ruth. — Jeudi, vers quatorze heures. Tu sais qu'il n'y a pas grand monde à cette heure-là. Tu te souviens de l'état dans lequel tu étais à cause du chèque sans provision. J'ai quitté le bar à treize heures trente. Dan était présent. lI pourra témoigner. — Es-tu revenu au bar ?» Seamus termina son café et reposa sa tasse sur la soucoupe. «Oui. Il le fallait. Puis, je suis rentré à la maison et je me suis soûlé. Et j'ai continué à m'enivrer pendant tout le week-end. — Qui as-tu vu ? Es-tu sorti acheter le journal ?» Seamus sourit, un sourire indifférent, triste. «Je n'étais pas en état de lire.» Il attendit sa réaction, puis Ruth vit un semblant d'espoir naître sur son visage. «Tu me crois, dit-il, d'une voix humble et étonnée. — Je ne t'ai pas cru hier, ni vendredi, dit Ruth. Mais je te crois maintenant. Tu es capable et incapable de beaucoup de choses, mais je ne pense pas qu'il te soit jamais possible de prendre un couteau ou un coupe-papier et de trancher la gorge de quelqu'un. — Tu as tiré le gros lot avec moi», dit calmement Seamus. Le ton de Ruth se fit coupant : «J'aurais pu faire pire. Maintenant examinons sérieusement la situation. Je n'aime pas cet avocat, et il a reconnu qu'il te fallait quelqu'un d'autre. Je veux tenter une chose. Pour la dernière fois, jure sur ta vie que tu n'as pas tué Ethel. — Je le jure sur ma vie. Seamus hésita. Sur la vie de mes trois filles. — Nous avons besoin d'aide. D'aide véritable. J'ai regardé les informations hier soir. Ils parlaient de toi. On disait que tu étais interrogé. Ils ont hâte de prouver que tu es coupable. Il faut que nous disions toute la vérité à quelqu'un capable de nous conseiller ou de nous recommander un avocat approprié.» Elle passa l'après-midi entier à discuter, argumenter, cajoler, raisonner, et enfin amener Seamus à accepter. Il était seize heures trente quand ils enfilèrent leurs manteaux, Ruth bien carrée dans le sien, Seamus avec le bouton du milieu qui tirait sur la boutonnière, et parcoururent à pied les trois blocs qui les séparaient de Schwab House. Ils parlèrent peu en chemin. Bien que le fond de l'air fût frais pour la saison, les gens profitaient du soleil. La vue de jeunes enfants avec leurs ballons, suivis de leurs parents à l'air exténué, amena un sourire sur les lèvres de Seamus. (à suivre...)