Sur les hauteurs de Bab el-Oued, en contrebas de Frais-Vallon. le marché de Triolet n'existe plus. Rasé lors des travaux de déblaiement, il témoigne de la violence avec laquelle les torrents de boue se sont déversés dans le quartier. Là, où l'on dénombrait, au lendemain de la catastrophe, le plus grand nombre de victimes avec les centaines de la Snta, rue Rachid-Kouache, un parking et un stade tentent désespérément d'effacer des empreintes restées indélébiles. Des matches s'y déroulent chaque fois, dans une parfaite communion. Non loin de là, camions, bus et tous types de véhicules se disputent quelques périmètres restreints pour causer en ces jours de ramadan des «bouchons» inextricables. Le marché était entièrement recouvert par les eaux boueuses et les rues étaient devenues des torrents furieux. En jetant un regard sur les grandes collines dominant le Triolet et la grande route menant vers Chevalley, la hantise du déluge déchire pour quelques secondes les entrailles. Quelques secondes seulement car les «il y est» des bambins donnent envie de ne se rincer les yeux que pour eux, eux qui rendent par leur cris la gaieté à ce quartier.