Un jour de novembre 2001, après plusieurs mois de sécheresse, des pluies diluviennes d'une rare violence ont surpris ce quartier dans la torpeur matinale. Venues des hauteurs de Bouzaréah et d'El-Biar, les eaux en furie ont dévalé la route à double voie de Frais-Vallon, charriant tout ce qu'elles rencontraient sur leur passage: la terre rendue friable par des années de sécheresse, les troncs d'arbre, les pneus et les matériaux de construction entreposés de part et d'autre de la route. Tous ces objets n'ont fait que décupler la vitesse et la dangerosité du torrent de boue auquel plus rien ne résiste : ni les véhicules, emportés comme des fétus de paille avec leurs passagers désemparés, ni les vieilles bâtisses, qui cèdent et s'écroulent sur leurs habitants, ni les êtres humains, qui ne peuvent opposer aucune résistance aux éléments déchaînés, et périssent noyés.