Résumé de la 1re partie n A l'hérisson, qui lui racontait avec fierté, sa vitesse et son endurance à la course, le lièvre rétorqua, d'un air moqueur, que pour cela, il lui fallait d'autres jambes. Cette réponse déplut extraordinairement au hérisson, car il ne se fâchait jamais, excepté quand il était question de ses jambes, précisément parce qu'il les avait torses de naissance. «Tu t'imagines peut-être, dit-il au lièvre, que tes jambes valent mieux que les miennes ? — Je m'en flatte, dit le lièvre. — C'est ce qu'il faudrait voir, repartit le hérisson ; je parie que si nous courons ensemble, je courrai mieux que toi. — Avec tes jambes torses ? tu veux te moquer, dit le lièvre ; mais soit, je le veux bien, si tu en as tant d'envie. Que gagerons-nous ? — Un beau louis d'or, dit le hérisson. — Accepté, dit le lièvre ; tope, et nous pouvons en faire l'épreuve sur-le-champ. — Non ; cela n'est pas si pressé, dit le hérisson ; je n'ai encore rien pris ce matin ; je veux d'abord rentrer chez moi et manger un morceau ; dans une demi-heure je serai au rendez-vous.» Le lièvre y consent, et le hérisson s'en va. En chemin, il se disait : «Le lièvre se fie à ses longues jambes, mais je lui jouerai un tour. Il fait son important, mais ce n'est qu'un sot, et il le payera.» En arrivant chez lui, le hérisson dit donc à sa femme : «Femme, habille-toi vite ; il faut que tu viennes aux champs avec moi. — Qu'y a-t-il donc ? dit la femme. — J'ai parié avec le lièvre un beau louis d'or que je courrais mieux que lui, et il faut que tu sois de la partie. — Bon Dieu ! mon homme, dit du haut de sa tête la femme au hérisson, es-tu dans ton bon sens ou as-tu perdu la cervelle ? Comment prétends-tu lutter à la course avec le lièvre ? — Silence, femme, dit le hérisson ; c'est mon affaire. Ne te mêle pas de ce qui regarde les hommes. Marche, habille-toi et partons ensemble.» Que pouvait faire la femme du hérisson ? Il fallait bien obéir, qu'elle en eût envie ou non. Comme ils cheminaient ensemble, le hérisson dit à sa femme : «Fais bien attention à ce que je vais te dire. Nous allons courir dans cette grande pièce de terre que tu vois. Le lièvre court dans un sillon et moi dans l'autre, nous partirons de là-bas. Tu n'as qu'à te tenir cachée dans le sillon, et, quand le lièvre arrivera près de toi, tu te montreras à lui en criant : «Me voila !» Tout en disant cela ils étaient arrivés ; le hérisson marqua à sa femme la place qu'elle devait tenir et il remonta le champ. Quand il fut au bout, il y trouva le lièvre, qui lui dit : «Allons-nous courir ? — Sans doute, reprit le hérisson. — En route donc.» (à suivre...)