"Réparation" Les tenants de la tradition islamique dans le pays n?y verront-ils pas leur sensibilité heurtée d?autant plus que cette punition figure explicitement dans le Coran ? Au ministère des Affaires religieuses, on estime qu?il est trop tôt pour se prononcer définitivement sur la question, qui, somme toute, n?est pas encore soumise officiellement à débat. Youcef Belmahdi, sous-directeur de l?orientation religieuse au ministère, souligne qu?il ne peut donner que des indications basées sur le fiqh, sans se prononcer sur l?opportunité politique d?un tel dossier. «Si ce dernier venait à être soumis aux instances politiques, nous ne manquerions pas de donner notre avis par les voies légales», dit notre interlocuteur. Il rappelle que celui qui ôte la vie à une personne doit recevoir le même châtiment, mais à certaines conditions. Il faut d?abord s?assurer de la culpabilité de l?accusé et prouver que le crime est intentionnel et non accidentel. Même si la condamnation est prononcée, il suffit qu?un des membres de la famille de la victime accorde le pardon pour que le coupable soit épargné. Notre interlocuteur poursuit en disant que le magistrat, y compris le premier d?entre eux, peut accorder l?amnistie sauf si les membres de la famille de la victime s?y opposent. Le sous-directeur de l?orientation religieuse ne veut tirer aucune conclusion de ces préceptes, mais il est clair que la voie est ouverte à des compromis pour ce qui touche à la préservation de la vie humaine. La loi religieuse peut tolérer qu?un magistrat puisse accorder le pardon «à tort» mais ne tolère pas les erreurs irréparables, ce qui constitue autant d?arguments vers la clémence des gouvernants. Prié de se prononcer sur les arguments des défenseurs des droits de l?Homme militant en faveur de l?abolitionnisme, Youcef Belmahdi dit qu?il est au courant de l?existence de cette tendance dans la société, mais il invite à ne pas perdre de vue que la victime d?un meurtre est aussi une personne humaine et que ses ayants droit ont la possibilité de demander des réparations. D?ailleurs, poursuit-il, la religion n?a institué la peine de mort que pour extirper les racines d?un mal profond qui est la négation de la vie humaine bien que la voie du compromis avec la famille de la victime ne soit pas rejetée. La famille peut effectivement demander des indemnités pour la réparation du crime. Prenant la responsabilité de répondre aux défenseurs des droits de l?Homme, Youcef Belmahdi s?interroge si l?avortement et l?euthanasie ne sont pas des crimes contre la personne humaine qu?il faut rejeter avec l?ardeur affichée dans la condamnation de la peine de mort. Le couloir de la mort Le tribunal criminel de Guelma a condamné par contumace, samedi 21 juin, M. Nadir, dit Soaïb, à la peine capitale pour constitution de groupe terroriste armé, détention d?armes et de munitions prohibées, homicide volontaire avec préméditation et atteinte aux biens d?autrui.