«Le traité de Rome, sur les crimes contre l'humanité, émanant de la Cour pénale internationale, du 17 juillet 1998 est la base sur laquelle les victimes des tortures pratiquées par l'armée française peuvent porter plainte contre l'Etat français»C'est ce qu'a affirmé hier au forum d'El- Moudjahid, Me Ben Brahem, avocate et historienne. Selon elle, avant cette date, il n'était pas possible aux victimes de poursuivre les tortionnaires français, malgré l'existence de preuves irréfutables. Me Ben Brahem fera savoir que concernant ce qui s'est passé en Algérie pendant la Guerre de Libération nationale notamment avec l'instruction du 19 mars 1957 qui a institutionnalisé la torture, le crime d'Etat se dessinait au fur et à mesure de l'apparition de nouvelles preuves. Elle précise que pour le moment, et grâce aux aveux des impliqués et des soldats ayant vécu la période notamment les appelés qui ont pris des photos, la reconstitution des faits se fait d'une façon claire. Elle s'interroge, à travers ce constat, sur ce «qu'a le gouvernement français pour répondre aux actes d'hier», d'autant que les livres qui sont publiés confirment les faits. Elle a estimé que «8 000 disparus ont été signalés durant cette période», où l'armée française faisait de la torture «un moyen de gouvernance coloniale et de l'Algérien un objet». D'autre part, en s'appuyant sur les aveux du général Massu, elle soutient que ce dernier a révélé avoir «reçu carte blanche de la part du pouvoir politique en place, l'autorisant à user de la torture et de tous les moyens pour soutirer des renseignements aux détenus». C'est ce qui fait dire à l'oratrice que ça n'était pas des «bavures» mais c'étaient bien des faits dont les institutions sont responsables. Toutefois, Me Ben Brahem ne cache pas que le travail qui se fait actuellement pour faire toute la lumière sur cette période reste dépendant des archives militaires, lesquelles sont jusqu'à aujourd'hui sous l'emprise de l'Etat français, ainsi elle appelle les autorités algériennes à entreprendre des démarches afin de les récupérer. Au cours de la rencontre à laquelle plusieurs figures historiques ont été conviées, à l'exemple de Louiza Ighil Ahriz et Akrour Djouher, l'assistance a eu droit à des photos prises par des militaires appelés durant la période coloniale. Des photos qui n'ont aucune relation avec l'humanisme ni la civilisation tant chantés en Algérie par les Français. Me Ben Brahem laisse le soin, en dévoilant ces photos, aux participants de juger d'eux -mêmes ce que reflètent ces «sauvageries».