Alors que les émeutes continuent de secouer plusieurs villes de France, deux jours après son élection, Nicolas Sarkozy peaufinait hier, mardi, la composition de son gouvernement à bord d'un yacht au large de Malte, un voyage vivement dénoncé par une opposition socialiste elle-même en proie à des remous internes. «M. Sarkozy n'a jamais dit qu'il serait le président des petits pauvres. C'est le président du CAC 40» (principal indice boursier parisien, Ndlr), a ainsi déclaré le sénateur socialiste Jean-Luc Mélenchon. François Hollande s'est, quant à lui, demandé si «c'est la République qui paie», ajoutant que ces vacances «s'apparentent aux yeux du plus grand nombre à des vacances de milliardaire». Le député Jean-Marie Le Guen a jugé «préoccupant» qu'«un futur président de la République fasse sponsoriser ses loisirs par des personnages fortunés qui ont tout à gagner des bonnes grâces du pouvoiré». Cette croisière à bord du yacht du milliardaire Vincent Bolloré a également suscité une polémique dans la presse française. «On est loin du monastère dans lequel certains l'imaginaient se reposer», relève le journal populaire Le Parisien. «Allez, on se lâche!», s'offusque, pour sa part, le quotidien proche des communistes L'Humanité. «Finie la voix vibrante des meetings évoquant les ouvriers délaissés par tous ou la France qui se lève tôt», poursuit-il. Libération barre sa Une du titre «Boat people» puis ironise sur «les chères vacances du ‘'candidat du peuple''». Le ton de l'éditorial est modéré : «Sans y penser, Nicolas Sarkozy illustre de manière inopinée l'idée d'une droite décomplexée. Il faudra sans doute s'y faire.» Sans vraiment entrer dans la polémique, Le Figaro parle de «changement» de programme entre la villégiature en Corse initialement prévue et «l'équipée nautique qui inquiète nombre des amis de Nicolas Sarkozy». Le quotidien cite un proche disant qu'à «trois semaines des législatives, ce n'était peut-être pas la meilleure idée».