Alors que Nicolas Sarkozy savoure sa victoire sur un yacht au large des côtes de l'île méditerranéenne, Malte, les manifestations contre sa victoire aux présidentielles se poursuivent. Comme l'avaient prédit ses opposants, à commencer par sa malheureuse rivale, Mme Ségolène Royal du Parti socialiste, les échauffourées, qui ont éclaté la nuit même des résultats, se sont propagées à travers la France. Entre 300 et 400 personnes, pour la plupart des jeunes, ont encore manifesté, lundi soir à Paris, place de la Bastille, avant de se diriger, malgré un impressionnant dispositif policier, vers la place Voltaire, dans le XIe arrondissement, aux cris de “Sarko facho, le peuple aura ta peau” ou “Paris debout, réveille-toi !” Sur leur passage, le mobilier urbain a été saccagé et des voitures endommagées. Dans l'après-midi, des lycéens avaient déjà manifesté place de la Bastille contre l'élection du candidat de l'UMP. La capitale française a revécu les scénarios des violentes manifestions de jeunes contre le CPE (contrat de première embauche), retiré par la suite par le gouvernement où Sarkozy officiait en tant que ministre de l'Intérieur, et ceux de 1995 qui ont vu les banlieues françaises flamber l'une après l'autre. Au total, les forces de l'ordre ont procédé à plus de 100 interpellations durant cette nuit de lundi à mardi, à plus de 300 lors d'évènements identiques. Les manifestations anti-Sarkozy se sont propagées comme un feu follet dans les provinces. À Nantes, des manifestants d'extrême gauche, selon la police, se sont rassemblés dans la soirée dans le centre-ville. Ils s'en sont pris à des véhicules et ont brisé des vitres du tribunal administratif de la ville. Les forces de l'ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogène pour tenter de les disperser, ont procédé à des interpellations. À Lyon, Caen et ailleurs, même scénario dans les centres-villes. Plusieurs mouvements d'extrême gauche, dont la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), ont appelé à la résistance après l'élection de Nicolas Sarkozy, sans toutefois donner de consignes spécifiques pour les jours à venir. Ces incidents, qui avaient éclaté un peu partout en France lorsque Sarkozy fêtait sa victoire sur la place de la Concorde, où se dresse l'immense obélisque ramené par Napoléon de sa campagne d'Egypte, d'où le sobriquet de Napoléon à l'Elysée, se sont soldés par 730 voitures incendiées, 78 policiers et gendarmes blessés et 592 arrestations, selon un bilan de la Direction générale de la police nationale française (DGPN). D. B.