Résumé de la 143e partie n Un jeune garçon, livreur, se tenait à côté de Neeve, lorsque cette dernière a fixé rende-vouz à Jack. Eugenia lui lança un regard interrogateur lorsqu'elle raccrocha. «L'éditeur, je présume.» Neeve déballa son sandwich. «Hmm.» Elle mordait la première bouchée lorsque le téléphone sonna à nouveau. C'était l'inspecteur Gomez. «Mademoiselle Kearny, j'ai étudié les photos d'autopsie de la défunte, Ethel Lambston. Vous avez émis l'hypothèse qu'on pourrait l'avoir habillée après sa mort. — Oui.» Neeve sentit sa gorge se serrer et repoussa le sandwich, consciente du regard d'Eugenia fixé sur elle. Il lui sembla que la couleur quittait ses joues. «Sachant cela, j'ai demandé un agrandissement des photos. Les tests ne sont pas terminés et nous savons que le corps a été transporté, aussi est-il assez difficile de savoir si votre intuition est juste, mais dites-moi une chose : Ethel Lambston aurait-elle pu sortir de chez elle avec un bas filé ?» Neeve se souvint d'avoir remarqué cette maille lorsqu'elle avait identifié les vêtements d'Ethel. «Jamais. — C'est bien ce que je pensais, acquiesça Gomez. Le rapport d'autopsie montre des fibres de nylon coincées sous un ongle du pied. La maille est donc partie au moment d'enfiler le collant. Cela signifie que si Ethel Lambston s'est habillée seule, elle est sortie vêtue d'un tailleur de haute couture avec des collants filés. J'aimerais reparler de ce point dans un jour ou deux. Pourrais-je vous recontacter ?» En raccrochant, Neeve se remémora ce qu'elle avait dit à Myles ce matin même. A son avis, Seamus Lambston, avec son manque de goût manifeste en matière de mode, n'avait pu habiller le cadavre sanglant de son ex-femme. Elle se rappela ce qu'elle avait ajouté. Gordon Steuber aurait d'instinct choisi le chemisier d'origine. On frappa un petit coup à la porte, et la réceptionniste entra précipitamment dans le bureau. «Neeve, chuchota-t-elle, Mme Poth est arrivée. Eh Neeve, savez-vous qu'on a arrêté Gordon Steuber ?» Neeve parvint à garder un sourire serein, attentif, tandis qu'elle aidait sa riche cliente à choisir trois robes du soir d'Adolfo, deux tailleurs de Donna Karan, sans compter les mules, chaussures et sacs à main. Mme Poth, qui portait ses soixante-cinq ans avec beaucoup d'allure, déclara que les bijoux fantaisie ne l'intéressaient pas : «Ils sont ravissants, mais je préfère les vrais», mais finit par se ranger aux suggestions de Neeve. Neeve accompagna Mme Poth jusqu'à sa limousine, garée juste devant la boutique. Madison Avenue grouillait de monde, des promeneurs, des gens qui faisaient leurs courses, comme si le soleil attirait les New-Yorkais dehors malgré le froid inhabituel. Au moment où elle regagnait la boutique, Neeve remarqua un homme vêtu d'un survêtement gris appuyé contre l'immeuble en face. Une fugitive impression de déjà vu lui traversa l'esprit, qu'elle oublia à l'instant où elle pénétra dans son bureau. Elle raviva son rouge à lèvres, prit son carnet de commandes. «Occupe-toi de la boutique, dit-elle à Eugenia. Je ne repasserai pas, sois gentille de fermer.» Le sourire aux lèvres, s'arrêtant pour dire un mot rapide à quelques-unes de ses plus anciennes clientes, elle s'avança vers la sortie. Un taxi l'attendait. (à suivre...)