Résumé de la 92e partie n Ethel, dans son article, pointe le doigt sur l'exploitation des enfants et de la misère humaine. L'article concluait par un coup de chapeau à Neeve Kearny, directrice de «Chez Neeve», qui avait suscité l'enquête sur Gordon Steuber et banni ses vêtements de sa boutique. Neeve parcourut rapidement le reste du texte la concernant, puis reposa le tout sur son bureau. «Elle n'en a épargné aucun. Peut-être a-t-elle pris peur et préféré prendre le large en attendant que les choses se calment. Je commence à me le demander. — Est-ce que Steuber peut les poursuivre, elle et le magazine ? demanda Eugenia. — La vérité est la meilleure défense. Ils ont manifestement toutes les preuves nécessaires. Ce qui me met en rage, c'est qu'Ethel n'en a pas moins acheté un des tailleurs de Steuber, la dernière fois qu'elle est venue à la boutique — celui que nous avions gardé par erreur.» Le téléphone sonna. Un moment plus tard, la voix de la réceptionniste bourdonna dans l'interphone : «M. Campbell pour vous, Neeve.» Eugenia haussa les sourcils. «Tu devrais voir ta tête !» Elle ramassa les restes des sandwiches, le papier d'emballage et les gobelets à café et les jeta dans la corbeille à papier. Neeve attendit que la porte fût refermée avant de soulever l'appareil. Elle s'efforça de prendre un ton dégagé en annonçant : «Neeve Kearny» et constata avec dépit qu'elle avait l'air d'avoir couru un cent mètres. Jack alla droit au but : «Neeve, pouvez-vous dîner avec moi ce soir ?» Il n'attendit pas la réponse. «J'avais l'intention de vous dire que j'ai sous les yeux quelques unes des notes d'Ethel Lambston et de vous proposer de les regarder avec moi, mais la réalité est que j'ai envie de vous voir.» Troublée, Neeve sentit son cœur battre plus vite. Ils convinrent de se retrouver au Carlyle à dix-neuf heures. Le reste de l'après-midi fut subitement très chargé. A seize heures, Neeve se rendit dans le petit salon et s'occupa des clientes. Une jeune fille à peine âgée de dix-neuf ans acheta une robe du soir et une robe de cocktail. Elle insista pour que Neeve guidât son choix. «Vous savez, confia-t-elle, une de mes amies travaille à Contemporary Woman et elle a vu un article qui doit paraître la semaine prochaine. On y affirme que vous avez plus de talent dans votre petit doigt que la plupart des couturiers de la Septième Avenue et que vos conseils sont toujours justes. Quand je l'ai dit à ma mère, elle m'a envoyée ici.» Deux autres clientes racontèrent la même histoire. Quelqu'un connaissait quelqu'un qui leur avait parlé de l'article. A dix-huit heures trente, Neeve accrocha avec soulagement la pancarte FERM? sur la porte. «Je commence à croire que nous ferions mieux de bénir cette pauvre Ethel au lieu de la critiquer, dit-elle. Elle a probablement fait grimper notre chiffre d'affaires plus que si j'avais passé des annonces à chaque page du Women 's Wear Daily.» En rentrant de son travail, Doug Brown s'arrêta au petit supermarché qui était sur le chemin de l'appartement d'Ethel. Il était dix-huit heures trente quand, alors qu'il tournait la clé dans la serrure, il entendit la sonnerie insistante du téléphone. (à suivre...)