Résumé de la 20e partie n Seamus Lambston raconte à Ruth, qui le harcèle parce qu'il verse une pension alimentaire exorbitante à son ex-femme, qu'il est allé la voir. Une immense lassitude s'empara de Seamus. Le souvenir de la scène finale… «Oui, je l'ai vue. — Et...» Il choisit soigneusement ses mots. «Tu avais raison. Elle n'a pas envie que tout le monde apprenne qu'elle reçoit une pension alimentaire depuis vingt ans. Elle va me lâcher la bride.» Ruth reposa son verre de vin, le visage transfiguré : «Je n'arrive pas à y croire. Comment l'as-tu amenée à accepter ?» Le rire dédaigneux, sarcastique d'Ethel devant ses menaces et ses supplications. Le sursaut de colère primitive qui s'était emparé de lui, le regard de terreur dans les yeux de son ex-femme... La dernière menace qu'elle avait proférée... O Dieu... «A partir de maintenant, quand Ethel ira acheter des robes qui coûtent une fortune chez Neeve Kearny et se goinfrera dans des restaurants de luxe, ce n'est pas toi qui paieras.» Le rire triomphant de Ruth lui déchira les tympans tandis que les mots pénétraient dans sa conscience. Seamus reposa son verre de vin. «Qu'est-ce qui te fait dire ça ?» demanda-t-il tranquillement à sa femme. Le samedi matin, la neige avait cessé de tomber et les rues étaient à peu près praticables. Neeve rapporta tous les vêtements d'Ethel à la boutique. Betty se précipita pour l'aider. «Ne me dites pas qu'elle n'aime rien ? — Comment le saurais-je ? fit Neeve. Il n'y avait pas la moindre trace de sa présence à son appartement. Franchement Betty, quand je pense à la façon dont nous nous sommes pressées, je l'enverrais volontiers au diable.» La journée fut chargée. Elles avaient passé une publicité dans le Times, montrant les robes imprimées et les imperméables et la réaction était enthousiaste. Les yeux de Neeve étincelèrent en voyant ses vendeuses inscrire les chiffres des ventes. Une fois encore, elle remercia en secret Sal pour avoir misé sur elle six ans auparavant. A quatorze heures, Eugenia, un ancien mannequin de race noire qui était devenue l'assistante de Neeve, lui rappela qu'elle ne s'était pas arrêtée pour déjeuner. «J'ai des yaourts dans le frigo», proposa-t-elle. Neeve finissait seulement d'aider une de ses clientes personnelles à choisir une robe de «mère de la mariée» de quatre mille dollars. Elle eut un bref sourire. «Tu sais que j'ai horreur du yaourt. Fais-moi apporter un sandwich au thon et aux crudités et un Coca non sucré, veux-tu ?» Dix minutes plus tard, lorsque la commande arriva dans son bureau, elle s'aperçut qu'elle mourait de faim. «Le meilleur thon aux crudités de New York, Denny, dit-elle au garçon-livreur. — Si vous le dites, mademoiselle Kearny.» Son visage pâle se creusa d'un sourire obligeant. Tout en avalant rapidement son déjeuner, Neeve composa le numéro de téléphone d'Ethel. Une fois encore, Ethel ne répondit pas. Pendant l'après-midi, la réceptionniste tenta à plusieurs reprises de la joindre. En fin de journée, Neeve annonça à Betty : «Je vais une fois de plus ramener tout ça chez moi. Je n'ai pas l'intention de gâcher mon dimanche à revenir à la boutique parce que Ethel décide subitement qu'elle a un avion à prendre et qu'il lui faut toutes ses affaires dans les dix minutes.» (à suivre...)