Portrait n M. Fillon, un juriste de 53 ans, qui a été plusieurs fois ministre, succède à ce poste à Dominique de Villepin, qui avait présenté sa démission mardi au chef de l'Etat sortant, Jacques Chirac. Proche de Nicolas Sarkozy, dont il était le conseiller politique depuis 2004, François Fillon est considéré comme un modéré. Il est également réputé discret et efficace, en contraste avec l'image «d'homme pressé» attachée à la personnalité de M. Sarkozy, le nom de ce représentant de la fibre «gaulliste sociale» du parti de droite UMP, est surtout associé à une vaste réforme des retraites qu'il avait conduite en 2003. Décrit comme un «fin négociateur», il est considéré comme l'artisan incontournable des réformes économiques et sociales que M. Sarkozy veut rapidement mettre en œuvre. Prochaine étape après cette désignation, la composition du nouveau gouvernement devrait être annoncée demain matin. M. Sarkozy a promis une équipe resserrée de quinze membres, avec autant de femmes que d'hommes – une première en France –, ouverte à des centristes et des personnalités de gauche. La nomination aux Affaires étrangères de l'ex-ministre socialiste Bernard Kouchner, figure emblématique des «French Doctors», apparaissait quasi certaine. Cette nomination serait le signe le plus visible de la volonté «d'ouverture» affichée par M. Sarkozy. Jean-Louis Borloo, membre de l'équipe sortante, prendrait un portefeuille regroupant stratégie économique – emploi entreprises. L'ancien Premier ministre Alain Juppé prendrait la tête d'un pôle environnement, développement durable, transport. Michèle Alliot-Marie, ex-ministre de la Défense, est annoncée à l'Intérieur et Rachida Dati, dont les parents sont originaires du Maghreb et qui a été porte-parole de campagne de Nicolas Sarkozy, à la Justice. M. Fillon, partisan d'une «présidentialisation» du régime, a été ministre à quatre reprises, occupant notamment les postes des Affaires sociales, du Travail et de la Solidarité (2002-2004) et de l'Education nationale (2004-2005). Sa mise à l'écart du gouvernement par M. de Villepin en juin 2005 l'avait conduit à rejoindre Nicolas Sarkozy. Avant son investiture hier, Sarkozy avait reçu les grandes organisations syndicales pour leur assurer qu'il n'avait pas l'intention de passer en force. Les syndicats craignent que le nouveau gouvernement ne cherche à imposer certaines réformes, comme celle visant à faciliter le recours aux heures supplémentaires, celle instaurant un service minimum dans les transports en commun en cas de grève, ou encore celle abolissant les régimes spéciaux de retraite dont bénéficient certaines catégories de salariés comme les cheminots. Juste après son investiture, M. Sarkozy s'était rendu hier à Berlin, ou il a prôné une relance rapide de la construction européenne pour sortir de la «paralysie». Les Français avaient rejeté par référendum en 2005 la Constitution européenne.