Images n La circulation automobile est très fluide en cette matinée du 17 mai sur la route menant à Baraki. Les policiers de service au niveau des deux barrages installés à l'entrée de la ville, à une intervalle d'un kilomètre environ, ne semblent pas trouver de difficultés particulières à accomplir leur mission. Néanmoins, ils sont très vigilants. Ils «filtrent» du regard tous les automobilistes qui passent. Il est 9 h 20. Les gens vaquent, comme d'ordinaire, à leurs occupations au niveau du centre-ville de Baraki. Certains, des jeunes notamment, lisent attentivement les dernières nouvelles rapportées par les journaux du matin. La presse sportive arabophone est de loin la plus prisée. La politique ne semble pas trop accrocher, même en ce jour particulier. Il est 9 h 40. Le centre de vote de Baraki-Est, dans l'école primaire de la cité du 8-Mai 1945 qui abrite 9 bureaux de vote en tout, ne connaît pas la grande affluence. «Rahi mayta (c'est mort)», fait remarquer d'emblée un encadreur d'un bureau de vote. Un constat qui sera confirmé par le directeur du centre : «C'est vrai, il n'y a pas grand monde, en général, ce sont les personnes âgées qui viennent voter la matinée, les jeunes préfèrent faire la grâce matinée», dit-il. Et son adjoint de souligner : «Beaucoup évitent de voter la matinée de peur d'avoir à faire la queue et de perdre ainsi du temps.» Jusqu'à 9 h 40, une vingtaine d'inscrits environ ont voté dans chaque bureau, selon les estimations du chef du centre. Parmi eux, un homme âgé d'une soixantaine d'années dit avoir accompli son devoir «comme d'habitude». «J'ai toujours voté et ce n'est pas cette fois que je vais m'en abstenir», nous a-t-il indiqué après avoir glissé un bulletin dans l'urne. «Pour qui avez-vous voté ?» «Ah, je ne peux pas vous le dire», répond-il avec un large sourire. Au centre Essalam, sis à quelques mètres de là, le décor est presque le même. Le taux de participation enregistré à 10 h est relativement faible. Sur un peu plus de 5 000 inscrits, seulement 42 ont voté. «N'oubliez pas qu'il s'agit-là d'un centre pour femmes, en général, les inscrites sur les listes électorales ne viennent exprimer leur choix qu'une fois leurs tâches ménagères accomplies», explique le chef du centre. A ce moment, le responsable des services de sécurité affectés à ce centre vient nous informer que son supérieur lui a donné des instructions pour interdire «à toute personne étrangère, y compris la presse», de pénétrer à l'intérieur des bureaux de vote ou d'y prendre des photos. «Il (viendra) dans un moment si vous voulez l'attendre, je suis vraiment désolé, les ordres sont les ordres», ajoute-t-il. C'est alors que le chef du centre s'approche de nous pour nous demander de lui remettre la feuille sur laquelle on a inscrit le nombre d'inscrits et celui des votants. «On ne vous pas donné ce genre de statistiques ailleurs», justifie-t-il.