Repère n Ce marché informel, qui existe depuis belle lurette, reste un lieu convoité par les cambistes, mais aussi par de simples citoyens dont le but n'est autre que d'acheter ou de vendre la devise sans passer par les banques. Au «Square port Saïd» ce quartier populaire à Alger, on peut échanger toutes les monnaies : dollars, euro, dirham, livre sterling, etc. Mais place au travail. Ils sont alignés sur le trottoir avec à la main une liasse de billets en devise ou en dinars. Bien que l'on soit un jeudi rien n'indique que c'est le week-end. «Leur présence ici est quasi quotidienne», nous dit un jeune installé derrière sa «table». Ces jeunes exposent leur «marchandise» sans aucune discrétion et sans se soucier de la moindre menace des voleurs ou truands ni même de la présence des agents de police d'ailleurs. Le premier monnayeur interrogé sur le taux de convertibilité, répond sèchement : «Combien voulez-vous ?» avant de lancer : «Pour l'achat c'est 10,20 DA.» Mais il suffit d'une tournée à travers le marché pour constater que les taux de change sont les mêmes, et chacun réserve à lui-seul une marge de négociation. Ce marché parallèle, comme d'autres sur le territoire, est perçu comme «le lieu privilégié pour nombre de personnes, d'autant que les taux de change sont alléchants», nous dit l'un des revendeurs. «Des immigrés retraités jusqu'aux simples fonctionnaires, toutes les catégories y convergent», assure-t-il. «On n'a pas vraiment une catégorie bien définie de clientèle, même si quelques-uns sont présents régulièrement ici», ajoute-t-il. L'euro, première devise demandée en Algérie vue l'importance des relations qui nous lient avec l'Europe et notamment la France, est perçu comme le moteur et la vedette du marché. Mais un autre revendeur rencontré sur les lieux, nous informe que «la demande et l'offre ont diminué énormément». Les raisons, selon lui, se résument à «l'interdiction de l'importation des véhicules de moins de trois ans, et l'augmentation du capital des sociétés d'import-export. D'où une baisse de la demande sur les devises». Il va sans dire que ceux désirant échanger leur monnaie se font discrets vu le danger qu'ils encourent en emportant des sommes parfois faramineuses. Quant à la sécurité des revendeurs, ces derniers disent ne faire confiance à personne contrairement à ce que peuvent faire croire les apparences. Certains avouent que leur sécurité est la première chose à mettre en avant. L'un d'eux nous dit qu'ils viennent «en groupe ou véhiculés surtout lorsqu'ils ont de grosses cagnottes à échanger». Pour l'origine de ces monnayeurs, l'un d'eux, algérois, affirme : «je suis peut-être l'exception de ce lieu, la majorité des changeurs viennent des autres wilayas. De la Kabylie, de Sétif etc.».