Tradition n Au grand bonheur des habitants de la capitale du Hodna, les vieux quartiers de la ville de M'sila renouent avec le commerce de la laine brute. De l'avis de plusieurs commerçants, les prix pratiqués sont «nettement plus bas» que dans les autres grandes villes du nord du pays. L'écart de coût atteint même les 4 000 DA. Ils déplorent, toutefois, la rareté de ce produit introuvable hors de la saison des mariages, coïncidant avec l'été et l'automne, en raison de son stockage par les vendeurs, et du fait que la tonte, a lieu exclusivement vers la fin du printemps. Un ancien vendeur de laine a confié que les revenus tirés de cette activité étaient devenus «très dérisoires», il y a quelques années, à cause de sa concurrence par d'autres matériaux bon marché (mousse, coton), servant au même usage de rembourrage des matelas et coussins. L'écoulement d'une partie de la production lainière vers les pays voisins, a participé également, au recul du marché local devenu moins attrayant, pour les pratiquants de cette activité. Les mêmes spécialistes du marché s'attendent, en outre, à ce que la tonte de l'année en cours, soit l'une des meilleures, en raison des importantes précipitations printanières qui avaient favorisé le nettoiement des laines. Si certains vendeurs proposent uniquement la laine à l'état brut, d'autres ajoutent à leur gamme, les fils de laine teints de différentes couleurs, dont le filage a été traditionnellement assuré par des femmes des campagnes et des zones rurales du Hodna. Celles-ci, qui réservaient par le passé leur travail au seul usage domestique, se font de plus en plus rares, souligne cet ancien vendeur relevant que leur activité exige beaucoup de temps et de labeur manuel faiblement rémunérés par le marché, outre une longue étape préalable de lavage et nettoyage de la laine. Les phases intermédiaires du passage de la laine à la peigneuse manuelle (qerdach) puis l'enroulement du fil en bobine par le moyen du maghzel, exigent également, beaucoup d'efforts soutenus et de temps. L'ultime étape de préparation des fils de laine est la teinte qui demande beaucoup d'application et de minutie pour pouvoir obtenir les couleurs voulues, est-il noté. Le poil de dromadaire est vendu à 40 000 DA le quintal. Sa vente est proposée par de très rares commerçants, en raison des faibles quantités disponibles sur le marché conséquemment «au recul draconien» des élevages camelins. La disparition des artisanes locales, capables de tisser avec ce type de poil, a réduit la demande sur ce produit dont les acheteurs viennent surtout de Djelfa et de Laghouat, où l'on produit toujours des burnous et des qachabias à base de poil de dromadaire de haute qualité et à des prix élevés, ont souligné des commerçants de laine de la cité La rocade de M'sila. La transformation en fil de ces poils est désormais perdue comme métier traditionnel dans la région du Hodna, relèvent les vendeurs qui soulignent que cette rareté a fait que les artisanes spécialisées, à Djelfa dans ce filage, arrivent par ces temps qui courent, à réaliser des très bonnes affaires.