Histoire El-Argoub est l'un des plus vieux quartiers de la séculaire ville de M'sila où l'architecture traditionnelle très sobre et hautement «acclimatée» du grand Hodna conserve encore certains de ses vestiges. Aux ruelles étroites et sinueuses, ce quartier, dont le nom signifie monticule, est façonné à base de blocs de terre compactée, troncs de palmiers et arbres et salsal (terre fine utilisée comme ciment). Les maisons de la cité disposent d'un système d'évacuation des eaux de pluies par des gouttières (mizab) qui recueillent l'eau tombant sur les toits légèrement inclinés pour les déverser dans les rues où des canalisations, recouvertes de pierre, conduisent l'eau jusqu'à l?oued. Aujourd'hui, El-Argoub est ceinturé par des constructions neuves en béton armé sur trois côtés, le quatrième donnant sur oued K'sob. Contrairement aux vieilles et antiques bâtisses d'El-Argoub originel à morphologie extérieure unifiée, les nouvelles laissent apparaître, parfois de manière ostentatoire, le niveau social de leurs occupants. Les quelques artisans encore actifs dans ce quartier témoignent de l'importance de la vocation économique de ce traditionnel centre urbain et pérennisent un patrimoine et un savoir-faire moribonds depuis quelques années. Les petites échoppes des anciens horlogers de la cité jouxtent les vieux cafés qui ont troqué leur hassira (nattes en alfa) pour des tables et chaises, mais continuent à servir les infusions d'armoise, de menthe et autre khondjelane. Non loin, s'organisent, telles les perles d'un chapelet, les commerces de confiseries traditionnels, des melakh (cordonniers), des confectionneurs d?ustensiles en bois et tisserands. Tous les locaux de ces opérateurs donnent sur une grande place, le souk, vers lequel convergent immanquablement toutes les ruelles de la cité, dans la pure tradition des vieilles cités musulmanes moyenâgeuses. Outre le négoce, cette placette réunissait les anciens de la ville qui traitaient alors toutes les questions d'importance collective et résolvaient les litiges et contentieux interpersonnels et interfamilles. Durant la Guerre de libération, ce quartier était, la plupart du temps, bouclé par l'armée coloniale, qui y voyait un fief de la résistance de l'ALN. Lors de cette héroïque période, plusieurs opérations militaires audacieuses y ont été opérées contre des soldats français et autres symboles de l'occupation, se souviennent les plus âgés des habitants du quartier. Avec les cites Djaâfra, Kouch et Kraghla, lequel a été entièrement rasé après le séisme de 1965, El-Argoub continue de conserver, pour la capitale du Hodna, son âme profonde.