Ce quartier séculaire de M'sila conserve jalousement son cachet architectural traditionnel très sobre. El-Aârgoub est l'un des plus vieux quartiers de la séculaire ville de M'Sila, où l'architecture traditionnelle, très sobre et hautement “acclimatée” au grand Hodna conserve encore certains de ses vestiges, particulièrement défigurés à la suite de l'opération dite de restauration, effectuée en 1998. Aux ruelles étroites et sinueuses, ce quartier dont le nom signifie monticule est façonné à base de blocs de terre compactée, troncs de palmiers, arbres et salsal (terre fine utilisée comme ciment). Les maisons de la cité disposent d'un système d'évacuation des eaux de pluie par des gouttières (mizab), qui recueillent l'eau tombant sur les toits, légèrement inclinés, pour les déverser dans les rues où des canalisations recouvertes de pierres et dirigent l'eau jusqu'à l'oued. Aujourd'hui, El-Aârgoub est ceinturé par des constructions neuves en béton armé sur ses trois côtés, le quatrième côté donnant sur oued K'sob, contrairement aux vieilles et antiques bâtisses d'El-Aârgoub originel, à morphologie extérieure unifiée. Ces nouvelles constructions laissent apparaître parfois, de manière ostentatoire, le niveau social de leurs occupants. Les quelques artisans, encore actifs dans ce quartier, témoignent de l'importance passée de ce traditionnel centre urbain et pérennisent un patrimoine et un savoir-faire moribonds, depuis quelques années. Les petites échoppes des anciens horlogers de la cité jouxtent les vieux cafés qui ont troqué leur “hassira” (tapis tressé en alfa) pour des tables et chaises, mais continuent à servir les infusions d'armoise, menthe et autre khandjlane. Non loin s'organisent, telles les pierres d'un chapelet, les commerces de confiseries traditionnelles, des “melakh” (cordonniers), des confectionneurs d'ustensiles en bois et des tisserands. Tous les locaux de ces opérateurs donnent sur une grande place, le souk, vers laquelle convergent immanquablement toutes les ruelles de la cité, dans la pure tradition des vieilles cités musulmanes moyenâgeuses. Outre le négoce, cette placette réunissait les anciens de la ville qui traitaient alors toutes les questions d'importance collective et résolvaient les litiges et contentieux inter-personnels et inter-familles. Durant la guerre de Libération, ce quartier était, la plupart du temps, bouclé par l'armée coloniale, qui y voyait un fief de la résistance de l'ALN. Lors de cette héroïque période, plusieurs opérations militaires audacieuses y ont été menées contre des soldats français et autres symboles de l'occupation, se souviennent les plus âgés des habitants du quartier. Avec les cités Djaâfra, Kouch et Kraghla, cette dernière a été entièrement rasée après le séisme de 1965, El-Aârgoub continue de conserver, pour la capitale du Hodna, son âme profonde. M. S. E.