Pilote n Elles sont une dizaine d'universités, soit 9 000 étudiants sur le territoire national, à avoir souscrit, dès le début, à l'opération de basculement vers le système LMD en 2004. La première promotion de licenciés en LMD est à la veille d'obtenir son diplôme. Ils seront 200 nouveaux licenciés dans 10 domaines différents sur l'ensemble de disciplines. Des étudiants de quatre disciplines bénéficieront d'une bourse à l'étranger. Aussi, trois ans sont passés depuis le début de l'opération de «basculement progressif» – comme l'a qualifié Mohamed Gharsi, secrétaire général au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique – de l'enseignement supérieur classique vers le système LMD. Au bout de ces trois années, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a décidé d'organiser, les 30 et 31 mai dernier, un colloque international sur la question en invitant pas moins de 36 représentants étrangers afin de confronter les expériences des uns et des autres et d'en tirer des leçons pour affiner les réglages et se mettre au diapason. Vu que cette nouvelle formule d'enseignement – pas si nouvelle que ça puisqu'elle est pratiquée depuis longtemps dans les pays anglo-saxons – a été mise en place non seulement pour adapter les formations universitaires aux besoins des entreprises en matière grise, mais également dans le but de permettre une adéquation entre les diplômes dispensés par les pays ayant souscrit au système. Mais trois ans n'est-ce pas un peu juste pour présenter un bilan sur une opération qui n'a pas été assez expliquée ? Certes les chiffres donnés par le secrétaire général du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique sont de bon augure. «39 établissements universitaires impliquant 72 000 étudiants ont adhéré à cette formule, alors qu'ils n'étaient que 10 au début avec 9 000 étudiants», a révélé M. Merabet dans une conférence de presse improvisée en marge du colloque, avant d'ajouter que «le taux de réussite des étudiants inscrits sous la formule LMD est de 75%», mais il reste que les citoyens n'ont pas encore pris connaissance de toutes les facettes de cette conversion. Les problèmes rencontrés sur le terrain sont nombreux et de taille. Le premier, de l'aveu même du secrétaire général, se trouve au niveau du personnel enseignant. «L'université compte actuellement 85 000 étudiants (en incluant la postgraduation). Le système LMD exige la formation par petits groupes avec des mesures d'accompagnements importants», pourtant le manque d'encadreurs et flagrant, «il existe un déficit en matière de professeurs et de maîtres de conférence», avoue-t-il. Le manque de moyens pédagogiques est un autre problème. Car la formule LMD exige de grands moyens. «L'Etat est conscient de ce manque et a même réservé un budget dans la loi de finances complémentaire 2007 pour accompagner la formule LMD», informe-t-il. Sachant que le système LMD repose en grande partie sur l'implication directe du secteur économique vu que «le but de cette réforme est de jeter un pont entre le monde universitaire et celui du travail», les entreprises ne semblent pas assez conscientes des enjeux de la réforme. En dehors de quelques sociétés publiques telles que Algérie Télécom, Saïdal et des grosses entreprises privées comme le groupe Cévital, les autres ne se bousculent pas au portillon. En conclusion, même si la formule LMD présente de nombreux avantages et des solutions tangibles pour remédier au clivage qui s'est créé entre la formation universitaire et les évolutions constantes du marché du travail, il est important préalablement à l'application généralisée de ce système, d'élaborer une stratégie claire et une étude exhaustive sur le terrain des besoins en compétences en incluant toutes les parties concernées, les acteurs économiques, la société civile et surtout l'étudiant puisque c'est de lui qu'il s'agit. Beaucoup d'efforts sont nécessaires en particulier dans le domaine de l'information.