Depuis 1901, des prix Nobel de chimie, de physique, et de physiologie ou médecine ont été attribués à 512 scientifiques. Parmi les lauréats de ce prix, 12 (2,3 %) sont des femmes. En revanche, aucune femme n'a encore reçu la médaille Fields qui couronne une carrière féminine exemplaire dans les sciences et qui est la plus haute distinction scientifique remise pour des travaux dans le domaine des mathématiques. Pourquoi ? Selon la Fondation Epfl-Wish ayant décerné récemment cette distinction à la Suissesse Christiane Nüsslein-Volhard, généticienne pionnière, qui a reçu le prix Nobel de physiologie ou médecine en 1995, il y a plusieurs raisons pour qu'il y ait si peu de femmes scientifiques lauréates d'aussi prestigieuses récompenses. D'abord, «le chemin a été long avant que les femmes aient le même droit à l'éducation que les hommes». Ensuite, «il a fallu lutter contre les préjugés sur la présence des femmes dans les domaines scientifiques et techniques. Le rôle des femmes pionnières dans ces domaines a été souvent négligé ou délibérément oublié. Le résultat en est que si on demande à un large public de citer le nom de femmes scientifiques remarquables, au mieux c'est seulement le nom de Marie Curie qui sera évoqué.» Il y a aussi ce «plafond de verre», l'ensemble des barrières invisibles créées par des préjugés et stéréotypes, ainsi que par le mode de fonctionnement des différentes organisations qui ont pour effet d'empêcher les femmes d'accéder au sommet d'une carrière. A ces causes du manque de lauréates de prix scientifiques prestigieux, s'ajoute le fait que les propositions de candidats dans ces branches sont effectuées par des comités majoritairement constitués d'hommes. Les systèmes d'évaluation et de sélection étant aussi élaborés à partir de logiques masculines.