Résumé de la 2e partie n La ceinture d'argent resta dans le coffre, car la mariée ne la porterait que le lendemain, selon la coutume. On lui mit aux oreilles de grandes boucles d'argent rectangulaires, ornées d'innombrables pendentifs qui se balançaient à chaque mouvement de tête. Lila sortit du coffret à bijoux le grand collier de corail rouge qui recouvrit entièrement le cou de la mariée et une partie de sa poitrine. Il avait été fabriqué spécialement pour elle par sa mère dès que Fatma avait atteint 10 ans. A ce souvenir, Fatima sentit les larmes lui emplir les yeux. Morjana feignit de ne rien voir et continua à parer la jeune fille... La ceinture d'argent resta dans le coffre, car la mariée ne la porterait que le lendemain, selon la coutume, mais ses bras furent lourdement chargés de bracelets si bien que la jeune fille pouvait à peine les bouger. Soudain, elle se sentit comme une prisonnière que l'on clouait au sol ! Elle dit tout haut : «Je veux partir ! Enlevez-moi tout ça !» Et elle leva d'un geste sa gandoura de soie qu'elle tenta de retirer. Les deux Sénégalaises, d'un geste ferme mais plein de tendresse, l'obligèrent à remettre sa robe et entreprirent, une fois encore, de la calmer et de lui faire entendre raison. «Voyons, mon enfant, voyons ! Morjana ta servante est là ! Elle sera toujours auprès de toi, et Lila aussi. Rien ne pourra t'arriver, tant que nous sommes vivantes ! Tu vas abîmer ton maquillage, et ton khôl va couler à nouveau ! Allez !.. Tu es belle comme la lune, mon cœur !» Et elle lui accrocha sur la poitrine une petite main de Fatma pour la préserver du mauvais œil. Les deux servantes recouvrirent à nouveau la mariée de son épais voile blanc et ouvrirent la porte de la pièce. Deux vieilles femmes entrèrent, portant des robes de soie aux manches courtes et transparentes. Leurs cheveux étaient dissimulés sous d'épais foulards, en forme de «guenour», descendant jusque sur leur front. Elles regardèrent un moment la jeune fille d'un œil critique, bien qu'elles ne distinguassent que le bas de sa gandoura, et ses petits pieds teints en noir, sous le khalkhal argenté. «Bienvenue, ma fille, bienvenue ! Je suis la mère de ton mari et maître ! Que Dieu t'accorde prospérité et beaucoup de garçons !», dit la plus âgée. Les servantes se retirèrent dans un coin de la pièce, observant la scène en silence. De nombreuses femmes, leurs enfants agrippés à leurs jupes, regardaient avec curiosité en gloussant de temps à autre, debout devant la porte, n'osant entrer dans la chambre nuptiale. Les vieilles se retirèrent en marmonnant des bénédictions. Puis, de nouveau, les trois femmes restèrent seules pour dîner. Tandis que les servantes firent honneur au couscous de blé, à la viande de chameau et aux généreuses galettes fourrées de légumes, Fatima ne réussit qu'à avaler une ou deux bouchées. Puis les deux servantes restèrent assises près de Fatima encore un long moment en devisant gaiement, essayant de mêler à la conversation la jeune fille muette sous son voile, en vain. Soudain, un long silence s'installa. Fatima, inquiète, tendit les bras, mais les deux femmes n'étaient plus à ses côtés. Elle resta glacée sur sa peau de mouton, quand elle entendit la lourde porte se refermer et la clé tourner dans la serrure (à suivre...)