Résumé de la 4e partie n On célèbre les noces de la fille du Padichah d'Antep avec Mehmet Agha qui, lui, ne songe qu'à se sauver pour retrouver son âne et son bœuf... La mariée attendait en pensant qu'il allait s'approcher d'elle, qu'ils parleraient et s'aimeraient, alors que Mehmet Agha, de là où il était assis, scrutait les quatre coins de la chambre. Ayant inspecté les fenêtres attentivement au cas où il y aurait un endroit un peu plus bas d'où il pourrait sauter et se sauver, il va d'un coin à l'autre de la pièce, mais ne trouve rien et, de plus, la porte est fermée à clé. S'il sort et s'en va, le Padichah ou d'autres gens le verront. Les fenêtres sont hautes, avec des rideaux de deux mètres de long au moins. Ne trouvant pas d'autre solution, il arrache les rideaux des quatre fenêtres, sous le regard étonné de la mariée qui se demandait ce qui lui passait par la tête. Sans se soucier d'elle le moins du monde, il attache les rideaux les uns aux autres – cela faisait bien cinq ou six mètres de long –, ouvre la fenêtre, puis accroche une extrémité à un piton et l'autre à sa ceinture, tout en se disant : «Si je peux descendre et me sauver, j'arriverai avant que le loup ne dévore l'âne et le bœuf. En tout cas ici je ne ferai pas de vieux os.» (Quel idiot ! Retourne-toi donc, regarde la jolie mariée qui t'attend éperdue et souriante, les yeux brillant d'impatience.) Mais Mehmet Agha, ne pensant ni à la mariée ni à quoi que ce soit d'ailleurs, se laisse glisser le long des rideaux, et comme il a encore trois ou quatre mètres avant de pouvoir toucher le sol, il dénoue le rideau de sa ceinture, se laissant choir avec fracas par terre, où il reste évanoui une bonne heure avant de reprendre ses esprits. Il se relève et se met en route. Il a ses beaux habits sur lui et un peu d'argent en poche. En chemin il arrête une voiture qui va à Halep et se fait déposer à son champ, près de la source, après avoir donné quelques sous. Il aperçoit alors l'âne et le bœuf qui ont bien brouté et sont bien désaltérés. Tout content, il leur caresse le dos en disant : «Mes enfants, je suis revenu avant que le loup ne vous mange.»... Quant à la fille du Padichah il l'avait déjà oubliée !... Cela faisait quelques jours qu'il était parti. Poussant devant lui l'âne et le bœuf, il retourne chez lui où il retrouve ses enfants et sa femme. Celle-ci lui demande : — Mais où étais-tu passé ? Depuis plusieurs jours on ne t'a plus vu. Où étais-tu sans manger ni boire ? Que t'arrive-t-il ? Tu es bien élégant, mon bonhomme. — Ah, femme ! Ne m'en parle pas, si tu savais ce qui m'est arrivé ! Quelle aventure ! — Eh bien, raconte ! — Voilà, j'avais envoyé en cadeau au Padichah d'Antep les quarante odalisques qui venaient d'Halep. En remerciement il a voulu me donner sa fille en mariage. Alors le Chef-Caravanier m'a emmené et je me suis marié avec elle. Mais je me faisais tellement de soucis pour l'âne et le bœuf que j'avais laissés au champ. Ensuite on m'a fait entrer dans la chambre nuptiale, où, sans même regarder la mariée, j'ai fabriqué un long cordage avec les rideaux, puis j'ai sauté par la fenêtre et je me suis sauvé. — Tu n'es qu'un imbécile.Tu avais trouvé l'endroit idéal. Si au moins tu étais resté là-bas, à manger et boire. Après, tu aurais envoyé un peu d'argent, pour que nous aussi nous mangions. Allez prends-ça ! Demain matin va-t-en au champ ! Que l'âne et le bœuf soient maudits ! Tu laboureras sans répit, et on verra bien ce que tu récolteras !» Mehmet Agha n'a pas eu de chance, il est toujours là-bas à labourer son champ...